Cyclin’Jaipur, découvrir l’Inde à bicyclette

Cyclin’Jaïpur, c’est partir à la découverte de Jaipur … à bicyclette. Une idée originale proposée par Éléonore et Ophélie, amoureuses de l’Inde et en quête de nouveaux challenges.

 

Cyclin’Jaïpur, du road trip à l’entreprise

C’est au cours d’un road trip en Inde qu’Ophélie et Éléonore, amies depuis l’enfance, ont décidé de se lancer comme entrepreneuses. La première, séduite par ce pays où elle avait déjà vécu un an, venait de quitter son job de chargée de mission à la mairie de Bordeaux. La seconde, assistante de production, rêvait de s’installer à l’étranger depuis toujours.

Guest house, restaurant français… Ophélie et Éléonore hésitent. « On avait vu le témoignage des Français qui ont monté Crêpe Suzette. On a pensé suivre leurs traces ».

Même si monter une société en Inde est loin d’être évident. « On a essayé de défricher le terrain, mais c’est très dur de trouver toutes les informations sur la réglementation. Il n’y a pas vraiment d’institutions qui donne le processus clef en main pour monter une entreprise».

C’est en faisant le tour des entrepreneurs français installés à Delhi et à Jaipur, qu‘Ophélie attrape au vol l’idée lancée par Alex Le Beuan, fondateur de Shanti Travel : «Il y a un truc qui marche d’enfer à Delhi et qui manque à Jaïpur, ce serait génial de le lancer ». Et c’est ainsi qu’est né Cyclin’Jaipur.

Ophélie et Éléonore, fondatrices de Cyclin'Jaipur

Ophélie et Éléonore, fondatrices de Cyclin’Jaipur

Une idée parfaite pour les deux entrepreneuses : un bon concept qui fonctionne dans le monde entier, un investissement relativement limité. «Cela nous faisait peur d’investir trop, raconte Éléonore, sachant que nous étions nouvelles dans le pays, que nous n’avions pas un réseau énorme, ni une connaissance de terrain approfondie.»

Immédiatement, Ophélie et Éléonore se mettent au travail : création de la société avec deux amis indiens à qui elles rachèteront leurs parts par la suite – le moyen le plus simple et rapide pour des étrangers de construire une entreprise en Inde. Pour limiter les frais, elles assurent elles-mêmes la communication, le commercial, la construction du site internet de Cyclin’Jaïpur.

 

Découvrir la ville de l’intérieur

«On a fait beaucoup de recherches, de lectures, pour connaître l’histoire de Jaïpur, ainsi que des anecdotes plus originales, insolites, apprises grâce à nos guides. »

Le principe de Cyclin’Jaïpur : faire découvrir la ville de l’intérieur. « Pour un étranger, c’est génial de rentrer dans un temple de Shiva pieds nus, pour écouter des chants religieux. Pour les Indiens, c’est normal. Pour nous, c’est émouvant. On emmène les gens vivre la vie quotidienne des Indiens, ce qui est impossible en visitant la ville dans leur voiture avec chauffeur. »

Dès le départ, elles travaillent avec deux guides professionnels, qui leur ouvrent les coulisses de la ville et les portes des habitants.

Trois approches de Jaïpur

Avec son tour Pink Royal, Cyclin’ Jaïpur parcourt les sites les plus connus. « On est à fond dans l’histoire des maharadjas et de leur quotidien. »

Pink Sensation explore les différentes facettes de la ville, du quartier musulman à la ville moderne en passant par les quartiers des artisans…

Arrêt devant la Porte bleue

Arrêt devant la Porte bleue

Pink Inside se faufile dans les coulisses de la ville et s’achève avec un petit déjeuner chez une famille de Jaïpur. « Ce sont les familles de nos guides qui nous accueillent. Elles vivent dans les maisons au cœur de la ville, de façon traditionnelle et ont une quinzaine de vaches sous leur toit.» L’occasion d’expliquer la symbolique de la vache, son caractère sacré, mais aussi sa place aux côtés des habitants dans les maisons de la vieille ville.

C’est aussi l’occasion, pour les clients de goûter un plat typique rajasthani, le dal bati. «On adore ça et c’est peu connu des touristes. On s’est dit qu’il fallait le faire gouter à nos clients. Ce petit déjeuner chez l’habitant, c’est le moment le plus intense du tour. Les gens se faufilent dans le couloir à côté des vaches. Dans la cuisine, les hommes font bouillir le lait pour préparer le paneer, c’est enfumé, impressionnant.» Sans surprise, c’est le tour qui marche le mieux.

Un nouveau style de tourisme

Cyclin‘Jaïpur attire des clients de 9 à 72 ans, venus du monde entier. Mais qui partagent des traits communs : des clients bac + 4 au moins, sensibles à un tourisme plus écolo, plus proche des habitants. «Les gens veulent expérimenter, participer, entrer dans des maisons, avoir l’impression de faire partie de la ville, découvrir la street food…» Même quelques Indiens se laissent tenter : « ce qui les amusent, c’est que des étrangères leur fassent découvrir la ville ».

Les groupes sont assez restreints, 7 à 8 personnes maximum encadrées par 2 guides : un speaker, un co-guide pour compléter l’encadrement, sécuriser la traversée des routes et garder les vélos pendant les arrêts. Résultat : « les clients nous le disent : on n’a jamais eu peur » d’autant plus que les tours commencent tôt le matin. La ville s’éveille et le trafic n’est pas trop intense…

Un bon ranking sur Trip Advisor

50% des clients viennent via Trip Advisor qui classe Cyclin Jaïpur parmi les principales activités en plein air de la ville ; le reste arrive par des agences de voyages (Voyageurs du monde, Asia, Shanti travel et quelques agences de voyages indiennes). Prochain objectif: développer le réseau d’agences anglaises, australiennes, hollandaises, qui comptent de nombreux fans de vélo. En attendant, Cyclin’Jaïpur figure dans le prochain Lonely Planet India, qui paraitra le 1er octobre.

Quel développement pour Cyclin’Jaïpur ?

La formation, un challenge particulier

à bicyclette devant le Albert hall

à bicyclette devant le Albert hall

L’objectif pour Ophélie et Éléonore est maintenant de consolider l’activité et de renforcer l’équipe. Même si, remarque Éléonore, former des guides prend beaucoup de temps. « On ne veut pas de guides professionnels, pour garder une certaine authenticité. Or la formation prend du temps. Il faut leur faire comprendre comment interagir avec les étrangers. Ils doivent être ouverts, savoir répondre à toute sorte de question. On les teste sur des questions comme le système des castes. Certains ne parviennent pas à le définir, tellement c’est ancré en eux. D’autres s’en sortent bien, d’autres encore, sur le terrain, sont intimidés, ne parviennent pas à structurer leur discours… »

Cela n’arrête pas les deux associées qui cherchent maintenant à développer leur activité dans d’autres villes comme Varanasi, Jaisalmer….

Cyclin’Jaïpur, pas seulement de la bicyclette

Entretemps, elles se diversifient : «nous avons créé des walking tour, notamment à Amber ; des culinary tour ou l’immersion dans le quotidien d’une femme indienne; nous proposons aussi une rencontre avec un prêtre hindou astrologue qui lit les lignes de la main».

Depuis peu, Pink Elephant propose de découvrir l’éléphant dans la culture indienne, son utilité au cours de l’histoire et encore aujourd’hui dans la société.

Un coup de main déterminant pour se lancer

La rencontre avec d’autres entrepreneurs français a été fondamentale : « Ils ont été hyper encourageants, super positifs. Ils nous ont prévenues : c’est difficile de se lancer en Inde. Tout le monde nous a ouvert sa porte avec beaucoup de gentillesse, de partage, nous a donné des contacts. Aucun d’entre eux ne regrette l’aventure. Nous avons eu le sentiment d’avoir un relais, des gens disponibles et prêts à nous soutenir si besoin.» Ce sont eux qui ont déconseillé d’ouvrir un restaurant français à Jaïpur (« les gens ne sont pas encore prêts, ce qui marche en ce moment dans la ville, ce sont les restaurants italiens!»)

Cyclin'Jaipur dans les rues de la ville

Cyclin’Jaipur dans les rues de la ville

Ce sont encore eux qui ont recommandé un expert comptable efficace, habitué à travailler avec des étrangers et connaissant toutes les problématiques (visa, montage d’une société …) qui a permis à Cyclin Jaïpur de voir le jour rapidement.

Cyclin’Jaïpur s’est aussi construite grâce au soutien et au savoir faire des deux associés indiens dans la société : « Ce sont nos guides sur place et ils nous ont aidé à négocier l’achat des vélos, nous ont ouvert les portes de Jaïpur, nous ont rassurées surtout quand on ne parle pas hindi. Ils nous ont aidé à définir les itinéraires…»

Quels conseils pour ceux qui veulent s’installer en Inde ?

Pour Ophélie et Éléonore, il faut se fondre rapidement dans les façons de faire indiennes. En clair, apprendre rapidement à négocier, être patient, persévérant, ne pas lâcher prise « Parfois il y a de quoi devenir dingue : il faut demander 20 fois les choses».

D’autant plus que les Indiens ne disent pas les choses de manière directe, tout comme ils ne disent jamais non. « Il faut le prendre avec sagesse, constatent les entrepreneuses avec philosophie, et surtout ne pas confronter leurs manières de faire avec les habitudes occidentales ».

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(2 commentaires)

    • Nidelet on 9 septembre 2015 at 17:13
    • Répondre

    Le courage et l’esprit d’entreprise n’auraient pas été suffisants. Il y a ici un intérêt fasciné pour l’etrange étranger qu’est pour nous l’indien et sa stupéfiante civilisation ! Sans lien amoureux pour ce pays, cyclin’jaipur n’aurait pas eu ce supplément d’âme . Bravo les jeunes françaises !

    1. effectivement, Cyclin’Jaipur, c’est une (re)découverte de la culture et du quotidien en Inde. Et c’est fascinant de voir toutes les initiatives, entrepreneuriales ou pas, nées de la rencontre entre l’Inde et des étrangers…

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