La France peut-elle attirer les Indiens? Un point de vue (franco)-indien

L’Inde s’intéresse à l’Europe en général. Mais quid de la France? Business France, et des agences régionales ou locales comme Paris & co ont des arguments pour convaincre les investisseurs et entreprises étrangères. Et pourtant la France est largement devancée par la Belgique ou la Suisse. La présence indienne y reste faible. Faut-il croire que la France se débrouille mal par rapport à ses voisins ?

 

Rien n’est perdu explique Bharat Khanduja, associé du cabinet d’expertise comptable Auréalys. Il intervient régulièrement auprès d’entreprises qui veulent se lancer en Inde ou en France. De nationalité indienne, mais vivant en France depuis 25 ans. Cette double culture lui permet d’identifier les points d’entente et d’incompréhension entre les deux pays.

 

Un intérêt réel pour l’Europe

L’Inde s’intéresse à l’Europe en général, et en particulier à l’Allemagne pour sa haute technologie et à l’Angleterre pour des raisons culturelles et stratégiques. Cette dernière est une véritable porte d’entrée sur l’Europe. En plus de l’attrait de la City, joue également la fierté – en tant qu’ancienne colonie- d’ouvrir un bureau à Londres explique Bharat Khanduja. La culture business anglophone n’est certainement pas étrangère à la présence de grands groupes indiens en Grande Bretagne. Tata (Jaguar, Rover, Tetley….) y est d’ailleurs le 1er employeur étranger.

La Suisse et l’Italie attirent également les investisseurs indiens, grâce à leurs industries et le tissu de PME-PMI dans certains secteurs (pharmacie, cuir, mobilier…) où ces pays sont bien plus compétitifs que la France. La part de l’industrie dans le PIB en Suisse est de l’ordre de 15% et n’a pas diminué ces 10 dernières années. L’Allemagne a suivi la même trajectoire. La France, elle, a vu le poids de ce secteur reculer dans son PIB.

Cependant, les échanges franco-indiens, faibles aujourd’hui (de l’ordre de 10 milliards d’euros en 2015) continueront à croître et peuvent évoluer de manière significative. En effet, les deux pays partagent beaucoup de valeurs communes (démocratie, soft-power, culture ancienne…) Et depuis la mise en place de « partenariat stratégique » entre la France et l’Inde, il existe une volonté d’augmenter les échanges commerciaux. La France, par sa situation géographique, son infrastructure, son savoir-faire réputé dans certains domaines, ne peut laisser indifférente un pays comme l’Inde qui a de grands besoins en infrastructures et industries (nucléaire, spatiale….. )

 

La France déclinée en différentes marques

Pour attirer les investisseurs, la France a mis en place une stratégie marketing ces dernières années, et se vend comme une marque déclinant divers concepts : la French Tech estampille les start up françaises ; la Creative industry, à l’instar de « Creative France » vantée par Business France auprès des investisseurs internationaux, met en lumière l’industrie française sous toutes ses formes. Est apparu un label Qualité Tourisme pour lutter contre la mauvaise image des Français et des Parisiens à l’étranger : peu avenants, parlant peu (ou mal) l’anglais…

Paris & co, l’agence de développement économique et d’innovation de Paris, met en avant la position stratégique de Paris pour l’Europe et l’Afrique du nord. Elle vante son cadre de vie et son industrie du luxe.

 

 

Miser sur les étudiants

Une stratégie efficace

La France attire les étudiants étrangers et de plus en plus d’étudiants indiens. Après avoir passé du temps en France, ceux-ci peuvent devenir des ambassadeurs pour le développement de relations entre la France et l’Inde.

Insead HEC… des MBA qui attirent les IndiensLes échanges entre diverses écoles sont récents et se développent. Mais les étudiants indiens ont depuis longtemps eu l’occasion de venir en France avec des bourses du gouvernement français. Ce qui change aujourd’hui, ce sont des étudiants venant faire des « MBA » dans les meilleures écoles de commerce françaises (Insead, HEC, Essec…). L’augmentation des moyens financiers de la classe moyenne – un cursus coute entre entre 30 et 40 000 euros dans les écoles de commerce – et la libéralisation de l’économie ont permis à de plus en plus de jeunes de partir faire des études en Europe, USA, Singapore, Australie…

La France, avec ses écoles de commerce bien placées dans les classements internationaux, est attractive pour les étudiants de pays émergeants comme l’Inde ou la Chine qui veulent faire un « MBA ».

 

Mais limitée

Sur le papier comme sur le campus, tout semble parfait: les cours sont en anglais, tous les étudiants parlent anglais pour réaliser leurs travaux de groupe. Ils évoluent dans un environnement international, vont à Singapour, Hong Kong, Londres, Berlin…. Mais lorsque vient le moment de trouver un stage ou un emploi en France, les choses peuvent devenir plus compliquées.

« On ne dit pas assez en amont qu’en France, il faut maîtriser le français et être à l’aise pour pouvoir travailler et s’intégrer. C’est nécessaire même pour trouver un stage. Certains groupes internationaux comme Alstom, Microsoft, Bearing Point, peuvent intégrer les étudiants anglophones et les faire travailler avec les marchés anglo-saxons. Mais ce n’est pas le cas de la majorité des entreprises françaises. Le gros du tissu économique est composé d’ETI, PME/PMI ayant principalement des clients et des collaborateurs français ou francophones.

Sans une bonne maîtrise de la langue, ces étudiants anglophones ont des difficultés à trouver des stages ou le cas échéant, un travail pour acquérir une première expérience professionnelle en France. D’où l’importance de bien préparer les étudiants à ce qui les attend, dès le départ.

 

L’importance de la culture

Langue, culture, habitudes, codes, sens de l’humour … autant d’éléments qui ont toute leur importance, en France comme ailleurs dans le monde, pour s’intégrer dans une entreprise, échanger avec des collègues et tenir une discussion… Bref, se sentir appartenir à ce groupe.

C’est un apprentissage qui prend du temps, reconnaît Bharat. « Or aujourd’hui, beaucoup d’Indiens viennent en France pour un MBA ou d’autres études. Ils souhaitent travailler quelques années (et non s’installer pour du long terme) pour acquérir une expérience. Le fait de ne pas forcément maîtriser la langue, l’état du marché d’emploi actuellement et le niveau des salaires qui stagne depuis la crise rendent les choses difficiles pour ces étudiants nouvellement diplômés.

 

Une méconnaissance réciproque

Du côté indien comme du côté français, nous avons encore beaucoup à apprendre. Le nombre d’Indiens ou de personnes d’origine indienne est faible en France, comparé à d’autres. En France, les journaux ne parlent pas beaucoup de l’Inde. Lorsqu’ils le font, c’est surtout pour relater des événements tragiques (accident, viols….). Combien de personnes savent que l’agence spatiale indienne met en orbite des satellites français ? Que l’Inde a envoyé une sonde sur Mars pour un budget infiniment plus faible que celui du film Gravity ? Que l’aéroport de Kochi dans le Kerala est devenu en 2015, le premier aéroport 100% solaire ?

Avec le développement des échanges, cette méconnaissance de l’Inde continuera à s’estomper…, d’autant plus que nous sommes de plus en plus dans un monde interconnecté.

 

Une image négative des affaires en France

Pour les entreprises indiennes, la culture du business en France est difficile à appréhender, et souffre d’une image passablement négative, qui n’est pas toujours justifiée : les 35 h, les syndicats tout puissants, les grèves à répétition, le code du travail…

 

C’est aux agences comme Business France de travailler à l’amélioration de cette image et de faire connaître aux Indiens et autres investisseurs que les travailleurs français sont parmi les plus compétitifs, ce qui ressort des études réalisées par l’OCDE.

Certaines entreprises viennent s’installer en France car leurs donneurs d’ordre (aéronautique…) sont présents en France ; d’autres font le choix de s’installer en France pour ses atouts (situation géographique, infrastructures, qualité des formations notamment pour les ingénieurs…) et s’en sortent très bien. On estime aujourd’hui à 75 le nombre d’entreprises indiennes présentes en France, notamment dans le domaine des services informatiques (56%).

Au niveau de la rigidité et le nombre de normes qui régissent la vie des entreprises, les lois actuelles de simplification participeront sûrement à l’amélioration de l’attractivité de la France vis-à-vis des entreprises étrangères.

 

 

France et Inde, deux pays qui finalement se ressemblent

Ce n’est pas la même échelle et pourtant.  L’Inde et la France ont des points communs susceptibles de les rapprocher. Elles ont du mal à réformer : en Inde, le projet de TVA nationale pour casser les droits de douanes entre Etats a mis des années avant d’être voté cet été. En France le détricotage de la loi El Khomry n’est que le dernier exemple en date d’une tentative de réforme pour apporter un peu plus de flexibilité dans le monde des affaires.

les relations entre la France et l'Inde parviendront-elles à s'améliorer?Sur un registre plus global, ce sont deux pays « non alignés ». Ils sont présents dans tous les domaines de la science et de la technologie (espace, pharmacie, défense, informatique…). Et comme en France, en Inde, « on tient à notre culture, notre envie de nous faire entendre dans les instances internationales, à l’idée du non-alignement, nous sommes fiers, peut-être un peu chauvins ».

Ce sont des traits majeurs que nous retrouvons dans les deux pays. « C’est peut-être parce que nous nous ressemblons beaucoup que nous n’arrivons pas à travailler davantage ensemble et que nos échanges stagnent à 10 milliards/an » !

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(1 commentaire)

    • FranceOis on 30 octobre 2016 at 14:57
    • Répondre

    C’est à se demander si vous connaissez vraiment les relations franco indiennes notamment la considération des touristes français en Inde de la part des indiens. Votre vision est assez minable en tout point même économiquement sachant que chaque pays à ses avantages contrairement au clonnage des sociétés que veulent les sinistres mondialistes libéraux anglo saxon (Anglo-germaniques). Parler l’anglois n’est pas ce qu’il y a de mieux car en Inde la majorité du peuple ne parle pas l’anglais. J’ai moi-même traduit avec mon anglais accent français ce que des anglais n’arrivaient pas à faire comprendre, ni même des français avec leur diplôme de langue. L’anglais n’est pas la langue naturelle de l’Inde. D’autres indiens plus scolarisés considèrent cette langue comme étant celle des colons boutés dehors dans la violence. Certes pas dans la grande violence d’une guerre directe que les Indiens auraient perdu mais pas plus dans la sérénité. Cela si vous étudiez mieux la décolonisation de monsieur Gandhi et non la propagande officielle occidentale ou la communication marketée édulcorée de l’Inde afin de garder la face. A vous lire, il semble que vous ne sortez pas vraiment de vos bulles exclusives entre expats, ou encore des hôtels grand confort « Super DeLux » si vous vivez réellement en Inde. Cessez donc d’être lessivé par des préjugés à l’instar des abominables anglois qui ne savent se valoriser qu’en dénigrant le monde car leu rcomplexe est ceux des îles. C’est à dire se prendre pour le centre du monde.

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