L’Inde est à la portée des startups

Incubateurs, pépinières, accélérateurs de startups, réseaux de business angels fleurissent partout. En France, il n’est question que du dynamisme de la scène tech. Même chose en Inde où vibre l’énergie entrepreneuriale. « Ce qui manque le moins en Inde, ce sont les entrepreneurs », rappelle Sylvain Bilaine. Il n’en fallait pas plus pour que naissent entre l’Inde et la France, des synergies d’un nouveau genre.

Startups : Paris & co mise sur l’Inde

Des échanges entre incubateurs français et indiens

Paris & co, l’agence de la Mairie de Paris, a pour objectif d’attirer les investisseurs étrangers. Mais pas seulement.

Elle gère également une dizaine d’incubateurs multi-sectoriels. Ils accueillent plus de 200 startups (Le Tremplin, spécialisé dans le sport, Welcome City Lab pour le tourisme, le Cargo spécialisé dans les industries créatives…) explique Jonathan Sinivassane chargé du Développement Inde, Moyen Orient et Afrique.

 

« Il s’agit essentiellement de startups françaises. Seules 5% sont étrangères mais nous voulons arriver à 30% d’ici 2020. Pour cela, Paris & co a mis en place des accords avec des incubateurs à travers le monde. En Inde, deux partenariats ont été signés : à Delhi avec Nkube Business Solutions et à Bombay, avec Ventures Nursery. Concrètement, à travers notre Soft landing program, on propose aux startups hébergées par nos partenaires indiens d’être incubées pour une période donnée à Paris. Elles bénéficient de l’accompagnement de Paris &Co, et participent à nos évènements… Et vice versa : les startups de Paris & Co, très dépendantes du marché français peuvent être incubées gratuitement en Inde le temps d’explorer le marché local. »

 

Paris & coParis & Co compte aussi des experts par marchés et par zones géographiques. « Lors du hacking de l’Hôtel de ville sur l’innovation à Paris, nous avons organisés des mini workshop sur les opportunités d’affaires pour une start up en Inde ou en Chine : des tables rondes pour informer, rassurer nos startups et leur donner les premières clefs pour s’internationaliser. »

 

Ces partenariats sont trop récents pour donner encore des résultats probants. Mais le mouvement est bien là. « La plupart des grandes métropoles ont internationalisé leur innovation » explique Jonathan.

 

La French tech pour attirer des startups

Incubateurs, French Tech, salon VivaTech : Paris multiplie les arguments séduisants pour attirer les startups. « Dans le cadre de la French Tech, confirme Jonathan, nous avons reçu de nombreuses candidatures notamment de startups indiennes. Au French Tech Ticket, les Indiens étaient parmi le top 3 des nationalités représentées. »

 

Les startups indiennes, sont de plus en plus présentes aux évènements parisiens consacrés à l’innovation. Elles posent leur candidature à l’International Award. Certaines ont même reçu des prix. Il existe un véritable intérêt côté indien pour la France. Par défaut peut-être ? « Beaucoup de portes se sont fermées aux États Unis, notamment dans la Silicon Valley. Or l’Europe est une alternative viable, et on voit qu’il s’y passe des choses. Donc pourquoi pas la France? »

 

Et faire venir les ETI

Les géants indiens Wipro, Infosys, HCL ont donné l’exemple, depuis quelques années, en s’installant à Paris. « Pour une entreprise indienne, nous avons des secteurs d’activités intéressants. Le secteur des SSII par exemple est très dynamique. Nous avons des écoles d’ingénieurs de haut niveau. De grands groupes ouvrent leur département de R&D à Paris ».

Entre startups et multinationales, Paris & co cherche aussi à attirer des ETI indiennes qui commencent à s’installer à l’étranger, souvent à Dubaï ou en Asie. « Une fois qu’ils ont ouvert un premier bureau hors d’Inde, c’est le moment d’aller leur parler de Paris. » Et du savoir faire national, de l’expertise qui peut s’adapter au marché indien, à l’exemple de Mahindra qui rachète 51% des Peugeot scooter.

 

Même longueur d’ondes avec Numa

Il n’y a pas que le savoir faire industriel français qui s’exporte en Inde. Depuis quelques mois, NUMA est à Bangalore.

Numa espace de coworking et d'accélération des start upsNUMA est un espace de coworking et d’accélération tendance niché à Paris dans le Sentier. Le concept parisiano-trendy s’exporte bien. En 2015, l’Inde était sa deuxième implantation à l’étranger, juste après Moscou. Depuis, Numa s’est également installé au Maroc, à Mexico et à Barcelone.

 

Une proposition inattendue

« Tout est né d’une opportunité arrivée directement de Bangalore, explique Aviva Markowicz, chargée du développement à l’international. La collègue française d’un célèbre architecte indien nous a contacté. Elle connaissait NUMA Paris et voulait implanter le modèle à Bangalore. Ils nous ont invités là-bas pendant une semaine pour découvrir leur propre espace de coworking mais aussi l’écosystème local. Nous savions qu’on l’appelait la ville la « silicon valley » indienne. Notre voyage nous l’a confirmé. Nous avons vu une  scène tech très dynamique, une foule d’entrepreneurs passionnants, et de nombreux incubateurs commençaient à voir le jour sur des thématiques variées. On a senti l’énergie qui se dégageait de la ville. Implanter NUMA à Bangalore est apparu comme une évidence. »

 

Une joint venture franco-indienne

Aviva Markowicz craconte l'origine de Numa Bengaluru

Aviva Markowicz chargée du développement international de Numa a suivi la mise en place de Numa Bengaluru

NUMA Bengaluru est une joint venture : « On crée une entreprise en  association avec un acteur local, car cela n’aurait aucun sens d’y aller seul. On a besoin  de personnes ayant un fort réseau, qui connaissent les problématiques des startups locales, les programmes et initiatives adaptés pour accompagner les jeunes pousses,  qui ont un réseau d’investisseurs, qui connaissent les pouvoirs publics… On apporte notre méthodologie, notre savoir faire, notre réseau. Nous formons les équipes sur place et à Paris pour qu’elles deviennent autonomes le plus rapidement possible. Mais c’est notre partenaire local qui est le véritable entrepreneur.  On co-investit localement dans les startups pour leur permettre d’avoir un peu de capital en amorçage. L’internationalisation nous permet de diversifier nos investissements dans des pays à fort potentiel de croissance.

 

Le lieu est tout aussi important. C’est là que se déroulent les évènements de rencontre, que sont accélérées les startups…. Le NUMA Bengaluru ressemble beaucoup à NUMA Paris. C’est un immeuble de 6 étages, avec de l’espace pour accueillir les  différentes initiatives d’accélération, Open Innovation pour les grands groupes, et d’évènementiel pour la communauté.

 

Avoir pour associé  un architecte prend tout son sens pour NUMA Bengaluru : il a une approche créative et est très impliqué sur la thématique des smart cities: Comment améliorer un environnement ? Comment construire une ville structurée, plus durable et plus équilibrée? Nous avons aussi cette approche à Paris à travers le programme Data City. Et NUMA Bangaluru peut apporter une belle expertise au réseau NUMA global.

 

Un Français parmi les incubateurs indiens

Numa BengaluruComment est perçue l’arrivée d’un acteur français parmi les incubateurs? Elle est… quasi inaperçue, explique Aviva. « Même si les gens savent qu’il s’agit d’un acteur français, nous ne mettons pas cela en avant. Il n’y a que deux employées françaises pour 9 employés indiens. NUMA Bengaluru est très intégré dans l’écosystème local. Mais cela nous sert aussi d’être français. Déjà, il y a une certaine image de « qualité française » qui nous a permis de nous positionner, et il y a le réseau de grands groupes: nous avons ainsi  convaincu Airbus Bizlab, un de nos clients en France, de collaborer avec Airbus Bangalore. L’incubateur d’Airbus occupe un étage au NUMA  Bangaluru. C’est aussi le rôle de NUMA de favoriser les synergies entre grands groupes et start-ups.

 

L’Inde, un pays unique

« La vitesse à laquelle l’écosystème se développe, l’énergie sur place est impressionnante. La ville de Bangalore a récemment été classée en seconde position des écosystèmes montants dans le monde, c’est la 7e place mondiale pour les investissements, et la ville détient la plus jeune population d’entrepreneurs. L’environnement est propice. L’écosystème indien des startups passe par des étapes que nous avons connues en France il y a quelques années. Nous avons beaucoup de points et challenges en commun. »

 

Sans compter tout ce que NUMA Bangaluru pourra apporter à terme à NUMA Paris et à l’ensemble du réseau international. « Nous sommes très présents au démarrage pour former et apporter notre soutien sur les premières prestations. Ce qui est passionnant, c’est que, très rapidement, les équipes locales innovent sur de nouveaux services et évènements qui viennent enrichir NUMA. » Un retour sur investissement souvent impossible à prévoir… et typique du monde vibrant de l’innovation !

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