Boom de l’énergie renouvelable en Inde

L’énergie renouvelable a, en Inde, un laboratoire de choix. Le pays s’est fixé des objectifs élevés quant à la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre. A été planifiée une spectaculaire augmentation de ses capacités de production d’électricité renouvelable. Le pays a déjà lancé, avec un étonnant succès, une politique de grands travaux. Mais il a besoin de mobiliser d’importants capitaux pour atteindre ses objectifs.

Des acteurs impliqués

L’un des investisseurs majeurs est Thomas Lloyd Group , société internationale, spécialisée dans les investissements – en particulier énergétiques- en Asie. ThomasLloyd Group a déjà réalisé des centrales solaires de 309 MW sur le territoire indien : 27 MW au village de Kerehalli, Koppal District, dans l’État indien du Karnataka. Cette centrale solaire est exploitée par Talettutayi Solar Projects Two Private Ltd, un véhicule à usage spécial créé par SolarArise. Elle a signé une convention d’achat d’énergie avec la Bangalore Electricity Supply Company Limited (BESCOM), un acheteur gouvernemental noté « A » par ICRA.

La centrale doit produire environ 47 millions de kilowattheures d’énergie propre par an dans l’État du Karnataka. Le groupe a aussi pris le contrôle de SolarArise. Ce développeur indien planifie, construit et exploite des parcs solaires. La convention d’achat d’électricité vient d’être signée pour les centrales Uttar Pradesh I dans le nord de l’Inde avec 75 MW et Maharashtra II avec 75 MW. Thomas Lloyd a augmenté la puissance électrique installée par SolarArise en Inde de 130 MW à 309 MW, voulant la porter à 1,5 GW, grâce à 30 nouvelles centrales de grande taille, pour un investissement total estimé à 950 millions d’euros.

L'inde, un marché pour l'energierenouvelble

Des grandes ambitions renouvelables

L’Inde veut devenir un exemple de transition énergétique réussie. Le pays n’a pas peur d’afficher des ambitions qui en ferait la plus brillante réussite mondiale en la matière. Car si le mix énergétique indien reste actuellement terriblement tributaire des énergies fossiles – l’Inde a même obtenu l’autorisation d’augmenter sa production de charbon, en 2017, sans être exclue de l’accord de Paris – le gouvernement a posé des ambitions qui pourraient sembler démesurées.

A l’horizon 2030, le pays vise les 40% de renouvelable dans son mix énergétique total, grâce à 227 GW de puissance renouvelable supplémentaire installée, mais aussi la fin des voitures à combustibles fossiles, la fin de l’utilisation du pétrole, et une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 30 à 35%.

La répartition de ces nouvelles installations renouvelables serait la suivante : 52% de solaire, 39% d’éolien, 7% de biomasse et 2% de petite hydraulique, dont 100 GW de puissance photovoltaïque et 60 GW de puissance éolienne supplémentaires. Le pays s’est, pour cela, lancé dans une politique de grands travaux renouvelables et soutient massivement la création de nouveaux parcs. L’Inde est ainsi devenue le 4ème marché mondial pour l’éolien, et le 6ème pour le solaire, mais les analystes estiment que le pays se positionnera très vite, sur cette dernière énergie, à la troisième marche du podium, juste derrière la Chine et les Etats-Unis.

Des besoins de financement colossaux

Mais pour atteindre ces objectifs, l’Inde aura besoin de 189 milliards de dollars (168 milliards d’euros), uniquement pour le photovoltaïque et l’éolien. L’État ne disposant pas d’une telle capacité d’investissement, le pays va devoir s’appuyer sur des capitaux privés. Car le risque principal d’échec viendrait d’« un manque de fonds propres et d’investissement par l’emprunt », selon Gireesh Shrimali, ancien directeur de l’organisme Climate Policy Initiative en Inde.

Le gouvernement entend d’ailleurs favoriser l’investissement privé, via des accompagnements ad hoc. Deux mesures en particulier sont en discussion. Il s’agit d’une part d’octroyer une dette à long terme aux intérêts bas. D’autre part, il est question d’offrir des solutions d’amortissements accélérés (via des crédits d’impôt) pour les projets retenus.

Le soutien de grands groupes internationaux

Ce boom de l’énergie renouvelable attire également les grands groupes internationaux. Thomas Lloyd Group a ainsi financé et achevé la construction de deux projets photovoltaïques de très grande importance. Encore dans l’état du Karnataka, une centrale de 700 000 m2 a été inaugurée début 2018. Elle fournit de l’électricité à 72 000 personnes. Il s’agit de conditions optimales pour le photovoltaïque. Le parc reçoit près de 2 000 kilowattheures de rayonnement solaire par m2. Cela représente presque deux fois plus que la moyenne de l’Europe centrale.

A son origine, on trouve un consortium formé de Ja Solar (Chine, modules photovoltaïques), Shilchar (Inde, transformateurs de tension), Newsol (Suisse, systèmes d’assemblages et Lapp (Allemagne, ligne de production). L’investissement total est de 31 millions $. A Telangana, près d’Hyderabad, un autre parc photovoltaïque de Thomas Lloyd, construit en 2017, fournit de l’électricité à 20 000 personnes.

Les groupes allemands et français (Energie, EDF Renouvelables) investissent en Inde, de même qu’un autre investisseur étranger plus récemment. La banque allemande de développement KFW a ainsi signé en août 2018 un accord de prêt de 200 millions € avec l’Indian Rural Electrification Corporate Limited.

Les groupes français ne sont pas en reste. Engie vient d’annoncer un investissement de 1 milliard € en Inde sur 5 ans. EDF Renouvelables, avec le Groupe SITAC, vient de remporter un appel d’offres portant sur un projet éolien de 300 MW. La société totalise déjà 600 MW d’installations renouvelables dans le sous-continent.

Le boom programmé des compteurs intelligents et des smart grids

Autre priorité du gouvernement indien pour favoriser l’énergie renouvelable : la modernisation du réseau électrique. Il vise, en particulier l’implantation de technologies smart grid, permettant de mieux intégrer les renouvelables au mix électrique. Le pays a lancé un grand programme d’investissements sur les réseaux intelligents. Pour la période 2017-2027,  on prévoit d’investir 45 milliards $.

Le gouvernement a notamment planifié l’installation de 250 millions de compteurs intelligents. Dans ce domaine aussi, l’Inde s’appuie sur l’expertise française. EDF International Networks vient ainsi d’entamer le déploiement de 5 millions de modèles Genus en Andhra Pradesh, et au Bihar.

L’Inde a conscience de la nécessité, de rendre son réseau de distribution plus flexible, réactif, décentralisé et sûr. Elle mise sur des outils intelligents, parallèlement à l’installation massive de renouvelables intermittents. L’objectif est de pouvoir pleinement profiter de l’énergie qu’ils vont produire. Une manière ne pas reproduire, en la matière, l’erreur d’un autre sous-continent, la Chine, quand l’Empire du Milieu s’est lancé dans une course aux renouvelables.

 

texte et photo : Uly E. Neuens pour ThomasLloyd Group

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(1 commentaire)

    • Bharat Khanduja on 7 janvier 2020 at 12:18
    • Répondre

    Bonjour, merci pour cet article très intéressant. La question qui pourrait être abordée est de savoir quel est la part de ces investissements qui bénéficient directement l’économie indienne. Aussi, dans un pays aussi grand que l’Inde avec des besoins énormes en énergie, il n’est pas très difficile de battre des records en terme de production de l’électricité solaire. Par ailleurs, compte tenu des réserves de charbon disponible en Inde et très peu cher à extraire, on verra surement pour un long moment, l’utilisation de ce combustible. Très bonne année!

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