VJ Sourcing ou l’envie de construire en Inde

 

Au départ, Vincent Jeannet n’était pas inspiré par l’Inde. Et il voulait travailler dans la mode. Pourtant, depuis 2012, il est à la tête de VJ Sourcing, un bureau de sourcing textile et cuir, situé à Tiruppur (sud de l’Inde) qui met au service de ses clients européens le savoir faire indien.

Vincent Jeannet, de la mode au textile

Le stage qui va tout changer

Vincent Jeannet, le fondateur de VJ Sourcing

Vincent Jeannet, le fondateur de VJ Sourcing

Titulaire d’un master de l’université de la Mode (Lyon II), Vincent est passionné par les tendances. « C’était ce que je voulais faire ». Pourtant, lorsque l’occasion s’offre de faire un stage dans une usine de textile de Bangalore, à l’issue de ses études, Vincent n’hésite pas : « je ne connaissais pas l’Inde et je ne connaissais rien au textile, à peine une ou deux technique de tissage».

Son passage chez Birdy Exports lui donne accès à cet univers caché. « J’ai tout de suite travaillé avec une équipe d’auditeurs sri lankais en lean management : leur mission était de limiter les pertes de temps, d’énergie, de matières… Bref, d’améliorer les performances de l’entreprise ». Il suit cette équipe de département en département -« Nous interrogions les employés pour avoir leur opinion, connaitre leurs problèmes… »- afin de comprendre le fonctionnement de chaque département,  ainsi que celui, global, de l’entreprise.

Une révélation

Enfin presque…. Dans le textile, ce qui compte, c’est la technique. « On rencontre des problèmes à résoudre et toute la question est de comprendre comment faire pour améliorer les choses, améliorer le fonctionnement global, mettre en place de nouveaux systèmes. Il n’y avait pas cette dimension industrielle dans mon travail auparavant et c’est ce qui m’a attiré ».

Une expérience de plus en plus professionnelle

A l’issue de son stage, Vincent est embauché en VIE par le groupe Zannier, l’un des leaders mondiaux du vêtement pour enfant. « Ils ne cherchaient pas tant des connaissances techniques particulières que quelqu’un de très adaptable pour travailler dans ce coin perdu qu’est Tiruppur » admet Vincent.

En tant qu’assistant du directeur Inde du groupe, il participe au management de tout le bureau et est en charge de développer de nouveaux systèmes qualité et le sourcing cuir en Inde du Sud.

L’appel de l’entrepreneuriat

Après le départ du directeur, Vincent décide également de quitter Zannier, mais pas l’Inde.

Cela fait alors trois ans qu’il vit en Inde. « Je me suis senti suffisamment mature pour monter ma propre boite de sourcing ». Des commandes passées par des proches, qui aboutissent à quelques gros contrats, « et cela m’a permis de mettre de l’argent de côté et de monter ma boite ».

Un associé pour commencer

Au départ, Vincent a un associé indien, Jai, qui possède déjà sa propre usine. C’est un grand soutien pour les débuts : premières facturations auprès des premiers clients… Une véritable relation de confiance s’est créée entre eux.

Malheureusement, cela ne suffit pas pour mener à bien l’entreprise et les associés finissent par se séparer.

Il fait alors appel à un charter accountant (CA), pour tous les aspects juridiques et comptables, la personne indispensable pour créer une société en Inde, surtout lorsqu’on est étranger.

Tout reprendre à zéro

Après cette séparation, la boîte n’était pas encore véritablement montée et Vincent a dû tout reprendre tout à zéro…: intervention du CA, commercial, sourcing, contrôle qualité.

Aujourd’hui, les choses vont mieux. Une équipe de 4 personnes est en place et quand l’activité le demande, il peut compter sur un réseau de contrôleurs qualité en free lance. Avec ces équipes, formées en fonction des besoins des entreprises, il se rend dans les usines pour superviser leur travail.

L’atout de Vincent : son réseau

La communication, le commercial, autant de postes vitaux pour une jeune entreprise, mais qui coutent cher. « Aujourd’hui, je suis mon propre commercial. Ce n’est pas forcément efficace, mais cela me permet de démarrer ».

De son côté, Vincent a choisi de s’appuyer sur son réseau. «C’est indispensable pour commencer un business avec peu de moyens ».

A terme, le projet de Vincent est de faire plus de commercial en France. « Il faut rencontrer les gens. Même dans des soirées, ou pour prendre un verre ou un café, il suffit de quelques échanges, d’une sensibilité commune et les choses peuvent démarrer. Ah tiens, ce que tu fais, cela pourrait intéresser quelqu’un que je connais… Ça se fait naturellement et j’ai toujours fonctionné comme ça. Aujourd’hui encore, je m’appuie sur le réseau, via les réseaux sociaux (Linkedin / Instagram / Facebook) pour promouvoir mon entreprise et contacter de nouvelles personnes. »

Pour l’instant, l’objectif est de conserver son réseau, d’entretenir ses clients, les rencontres en live et les quelques salons en France et en Allemagne où il peut se rendre, sans oublier les réseaux d’anciens d’écoles, d’amis, etc.

Ethique et confiance, les atouts de VJ Sourcing

 

Vincent a plusieurs cordes à son arc : le sourcing, une activité régulière, le suivi de production, la communication client sans oublier le contrôle qualité.

L’un de ses principaux atouts : un très gros réseau de fournisseurs en Inde du sud, construit progressivement au cours de ses expériences passées. Car pour convaincre les clients, il faut connaître les usines, les visiter. Vincent n’hésite pas à mettre en compétition son réseau de fournisseurs. Quelle que soit la demande, « je sais que j’ai quelqu’un pour le réaliser. J’ai un bon réseau de fournisseurs, je ne vais pas me faire rouler et j’ai des prix attractifs car, étant une petite structure, j’ai des commissions raisonnables »

Des fournisseurs de confiance

Petite structure, tarifs attractifs… certes mais pas à n’importe quel prix. Selon Vincent, travaille avec des gens sérieux. « Je choisis mes fournisseurs car je m’entends bien avec eux et j’apprécie leurs méthodes et leur éthique». D’autant plus que, selon Vincent, l’exigence en termes d’éthique se reflète sur la qualité du travail.

 

Des relations de confiance avec les clients

De plus, étant l’un des rares, voire le seul Français installé à Tiruppur, « c’est un avantage, pour instaurer une relation de confiance avec les clients».

Ses clients, aujourd’hui, sont, principalement des marques françaises de prêt à porter renommées, mais aussi des agences de communication, qui commandent des sacs ou autres goodies, des entreprises pour la production de cadeaux d’entreprise, des entreprises familiales françaises qui on besoin de support en Inde …ce qui conduit Vincent à être en contact régulièrement avec les services marketing, service achat et design création des grosses entreprises. L’un de ses clients lui a même commandé des objets en cuirs pour une chaine d’hôtels suisses.

Une entreprise à dimension humaine

Car il n’y a pas que le business dans la vie. Marqué par l’expérience de Birdy, où Denis et Florence, les dirigeants, ont à cœur d’aider les employés à grandir et à progresser au sein de l’entreprise, Vincent a choisi son modèle. « Lors de mon premier jour chez Birdy, il y avait une fête et j’ai vu le directeur participer à la fête au milieu de ses employés. C’était une image belle et inspirante. »

Et Vincent veut faire la même chose. « Mon moteur, ce n’est pas d’embaucher, virer pour m’enrichir. Je veux être fier de ce que je fais, me dire que j’ai construit de l’emploi, que les gens soient fiers de travailler avec moi et être fier de travailler avec eux ».

 

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Alternative India l’Inde côté industriel

Présente en Inde depuis 2007, Alternative India, cabinet de management de projets industriels, a acquis une expérience unique du pays. Les opportunités offertes par un immense marché ont poussé Gaspard de Bordas, son cofondateur à se lancer là-bas, sans bien connaître le pays au départ. Un pari qui semble réussi.

Le choix de l’Inde

Contrairement aux entrepreneurs tombés amoureux du pays, Gaspard de Bordas n’était pas particulièrement attiré par l’Inde. « J’y avais été une fois, pour un voyage touristique il y a 20 ans, mais je ne savais pas si je pourrai y vivre. » L’attrait du marché a eu raison de ses hésitations. Et c’est ainsi qu’est né son cabinet, Alternative India.

Aider les entreprises industrielles à s’implanter

Une fois créée en Inde depuis la France – ce qui ne va pas sans poser de problèmes : « Nous devions sans arrêt fournir des papiers que nous ne pouvions pas obtenir auprès du consulat d’Inde à Paris » –, Gaspard s’installe à Pune, ville fleuron de l’industrie, située à 150 km de Bombay.

Alternative India aide les entreprises à comprendre et saisir les opportunités industrielles en Inde

Alternative India aide les entreprises à comprendre et saisir les opportunités industrielles en Inde

L’objectif : proposer aux sociétés une large gamme de services allant de l’ingénierie au développement commercial, en passant par le sourcing, la veille stratégique, etc. Depuis peu, Alternative India propose également des services en gestion financière et administrative, qui représentent aujourd’hui la majeure partie de son activité.

Le cœur de cible d’Alternative India : les industries lourdes (cimenterie, pétrochimie, industrie pétrolière et gazière et récemment, la santé). Les clients ne sont pas d’énormes multinationales mais plutôt de gros groupes familiaux.

Lâchés par ses clients

Au départ, Gaspard et ses associés de l’époque sont partis avec quelques dossiers pour le compte de potentiels clients, « intéressés par l’Inde, mais sans savoir pourquoi ». D’hésitations en doutes, ces derniers renoncent, en dépit du travail fourni par les associés et les espoirs de contrats pour Alternative India s’évanouissent.

« Honnêtement on se jetait à l’eau, se rappelle Gaspard. J’avais peu de contacts sur place. Mais ils se sont révélés de très bons contacts. » Ce sont eux qui vont apporter à Alternative India ses premiers vrais clients : « Ils rencontraient sur place des problèmes qu’on a réussi à résoudre. » Le travail effectué auparavant trouve alors toute son utilité « On a pu leur apporter les solutions trouvées pour d’autres.»

 

Alternative India ou l’expérience de l’Inde industrielle

Pourquoi aller en Inde

Gaspard ne regrette finalement pas d’avoir choisi l’Inde. « Le plus gros risque pour une entreprise, c’est vouloir rester en France en essayant de trouver des parts de marchés qui n’existent plus. Aujourd’hui, il faut des marchés alternatifs. L’Inde est un gros potentiel. Sur 1,2 milliard d’habitants, il y en a forcément qui seront intéressés par les produits de nos clients. Je me suis rendu en Birmanie où je voulais ouvrir un bureau. C’est un pays où tout reste à faire mais il n’y a que 50 millions d’habitants… Y-a-t-il un intérêt à s’y implanter localement ? En Inde, on ne se pose même plus la question. »

Un pays où rien n’est facile

L'Inde un marché tentant mais complexe

L’Inde un marché tentant mais complexe

Alternative India met cependant ses clients en garde. Si l’Inde est un marché incontournable, pas question de foncer tête baissée. Les investissements de départ sont importants, les marges basses, et les process longs, très longs parfois. Les standards de qualité sont largement différents et les infrastructures laissent souvent à désirer.

Des infrastructures à vérifier

Mais le tableau n’est pas si noir, selon Alternative India : « On peut trouver des usines très correctes. Bien sûr, mieux vaut prévoir des générateurs et procéder à de nombreuses vérifications. » D’ailleurs, les apparences peuvent être trompeuses : ce qui paraît bien au premier abord, peut poser « des problèmes de réglementation, de mafia, de corruption. Il y a toujours des histoires rocambolesques de violences, d’accès bloqués aux usines… Il faut faire attention à l’endroit où on s’implante. Si on est le seul, c’est qu’il y a une raison : personne ne veut s’y installer. »

Savoir éviter le turn over

Autre défi des industriels : le turn over, particulièrement courant en Inde. « Il faut trouver le juste milieu en qualité de vie, les avantages en nature et en salaire. Il ne faut pas essayer de payer moins que les sociétés indiennes… Les Indiens peuvent être fidélisés, mais c’est un challenge. Les employés partent souvent pour des raisons salariales, mais c’est aussi une bonne raison pour les faire rester. Il suffit de prévoir des augmentations de salaires chaque année. L’inflation étant de 10 %, on ne peut pas donner moins de 10-15 % aux employés. »

C’est d’autant plus faisable qu’il n’existe pas de charges patronales et que les niveaux de salaire restent inférieurs aux salaires européens.

Forts de ces bons conseils, les clients d’Alternative India ont observé que leur niveau de turn over reste finalement assez faible.

Recruter les bonnes personnes

Encore faut-il avoir recruté les bons profils. Alternative India en fait régulièrement l’expérience. « On dit toujours qu’il y a plein d’ingénieurs en Inde. Ce n’est pas vrai. Beaucoup ont un bachelor of engineering, l’équivalent d’un DEUG très théorique, pas pratique. Ils ne sont pas prêts à rentrer dans le monde du travail. » Le conseil d’Alternative India : « Former en interne. C’est ce que font nos clients qui n’hésitent pas à envoyer les employés en formation en Angleterre, en France, en Malaisie dans leurs usines. »

La situation cependant s’améliore : « Il y a 8 ans, on disait qu’il fallait 4 Indiens pour un niveau équivalent à celui d’un étranger. Or quand on forme bien, aujourd’hui, on arrive à un rapport de 1,2 ou 1,5 pour un. »

 

Des cultures de travail… très différentes

Mais il ne faut pas rejeter toute la responsabilité sur les Indiens. Certes avec ces derniers, « rien n’avance jamais comme prévu, il faut toujours tout renégocier. Sans compter qu’il faut se battre comme un fou pour les paiements ».

Le processus de décision à la française ne facilite pas non plus les choses. Alternative India en sait quelque chose. « Il nous arrive de recevoir des demandes spécifiques. Mais quand on revient vers le client avec un produit correspondant au cahier des charges, celui-ci finalement se met à réfléchir et refuse la solution proposée. »

C’est pourquoi Alternative India met en garde ses clients, notamment si ceux-ci sont tentés par une joint venture. Pour Gaspard, ce n’est pas la solution : « Il faut être contraint et forcé à une joint venture. C’est un mariage entre deux cultures. Un mariage avec une culture commune a déjà du mal à tenir. En transculturel, ça fait encore plus de dégâts. »

Des résultats positifs

En dépit de toutes ces mises en garde, le résultat est positif. Toutes les sociétés françaises clientes d’Alternative India vendent en Inde. Certes, « la baisse de l’euro a beaucoup aidé », remarque Gaspard. Et en dépit des craintes liées à la complexité du marché, « aucun de mes clients n’a jeté l’éponge » se réjouit le fondateur d’Alternative India.

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Laurige Boyer, éco-entrepreneur et explorateur

Éco-entrepreneur, c’est ainsi que se définit Laurige Boyer, spécialiste du tourisme. « Je m’éclate à monter des projets », reconnaît-il. À son actif, un camp d’été estampillé luxe et écolo au Ladakh, une croisière sur le Gange, et des voyages sur mesure au nord-est de l’Inde, entre Assam et Meghalaya.

Le « piège » du trekking dans l’Himalaya

Piège, car c’est ainsi que Laurige est tombé amoureux de l’Inde. Un stage et un trekking dans l’Himalaya le convainquent de chercher du travail en Inde. « Je ne voulais surtout pas rester en France. J’avais vu ce qui se passait dans les agences de tourisme d’aventure, ce n’était que des objectifs et des chiffres… Moi, j’étais à la recherche d’aventures. »

Une opportunité dans une petite agence de Delhi

L’opportunité se présente, en 2007, sous la forme d’une petite annonce sur un forum, postée par une nouvelle agence de voyages franco-indienne basée à Delhi, Shanti Travel. « À l’époque, nous étions huit, quatre Français et quatre Indiens. On travaillait dans un appartement. Au début, j’étais responsable du pôle Himalaya et j’étais seul. Au bout de 5 ans, je gérais une équipe de huit personnes, puis je suis devenu chef de production. »

Laurige éco-entrepreneur en Inde

Laurige éco-entrepreneur en Inde

L’agence devient, au fil des années, l’un des leaders en Asie, mais Laurige ressent le besoin « de faire ses propres armes ».

 Un business plan devant la montagne

 L’idée germe au cours de l’été 2011. « J’ai fini mon contrat chez Shanti Travel par une saison au Ladakh en tant qu’accompagnateur ». Les 1 000 km à pied dans l’Himalaya indien en trois mois – dont le franchissement de trois cols à 6 000 m, sont profitables. « J’ai créé mon camp dans ma tête et monté le business plan, en méditant devant la montagne. »

Un an plus tard, à l’été 2012, le Tsermang Eco Camp accueillait ses premiers voyageurs, et Laurige faisait ses premières armes d’éco-entrepreneur.

Éco-luxe sous la tente

Le concept du camp tient en deux mots : luxe et écologie. On dort sous la tente certes, mais sur des matelas dignes des grands hôtels et avec salle de bain communicante. Côté écologie, le camp est alimenté en électricité et eau chaude par des panneaux solaires, les employés viennent des villages alentours, le restaurant utilise les produits bio locaux et les draps et serviettes sont en coton organique.

Un projet sportif à monter

Dit comme cela, tout à l’air facile. Mais il aura fallu à Laurige patience et ténacité pour mener à bien son projet.

Des difficultés au sommet

Tsermang camp en fin de journée

Tsermang camp en fin de journée

Ne serait-ce que pour rassembler le matériel nécessaire et l’envoyer vers le « pays des hautes passes ». Un mois de voyage en camion et à pied sur 1 000 km de cols himalayens aura été nécessaire pour acheminer le matériel vers le futur camp.

À l’issue de ce périple, Laurige renonce sagement à son idée de départ : un camp mobile – l’été au Ladakh et l’hiver dans le nord est de l’Inde. Le matériel reste stocké sur place en hiver et le camp est remonté chaque année au bord de l’Indus.

Une main d’œuvre locale à former…

Avoir des tentes de luxe équipées, c’est bien. Encore faut-il avoir le personnel qui va avec et qui sera capable de faire tourner le camp. En dépit du manque d’école d’hôtellerie au Ladakh (et en Inde, de manière générale), l’éco-entrepreneur responsable fait appel aux habitants : « Ce sont des jeunes qui n’ont pas grand chose à faire pendant les sept mois d’hiver. Là-bas, les gens hibernent. » Ils sont formés directement au camp, « grâce à ma famille. Ma femme et ma belle-sœur sont indiennes. Cela aide pour former et communiquer avec le staff. Elles connaissent la culture locale. Elles savent comment parler à une personne et respecter les us et coutumes locales, ce qu’il faut dire pour booster les employés. »

… et à garder

Ces cinq mois, entre mai et septembre, sont cruciaux pour les habitant : « C’est durant cette courte période qu’ils vont pouvoir gagner de l’argent pour le reste de l’année. » Aussi la tentation est grande d’aller voir ailleurs en cours de route qui paie mieux. Mais l’éco-entrepreneur a réponse à tout : « On fait des contrats – ce qui n’est pas courant en Inde – qui stipulent que je paye en fin de saison. Lorsqu’en milieu de saison certains employés veulent partir, je leur rappelle les termes du contrat. Les employés qui voulaient s’en aller découvrent avec des yeux ronds le contrat qu’ils ont signé souvent sans lire. Mais en milieu de saison, je ne peux pas me permettre de retrouver quelqu’un en plein rush. Je leur avance ce qu’ils veulent pendant la saison, mais le solde n’est payé qu’à la fin. »

Sans oublier que les employés, sur tous les projets lancés par Laurige, sont payés 20 % de plus qu’ailleurs afin de limiter le turn over.

 

Des attentes variées sur le camp

Des fans de trekking…

rafting sur l'Indus par des clients du Tsermang eco camp

rafting sur l’Indus par des clients du Tsermang eco camp

Le camp attire beaucoup de Français. 40 % de la clientèle au Ladakh est française, venu pour le trekking. Référencé sur Booking.com et en première position sur Tripadvisor dans la catégorie logement spécialisé, le camp travaille aussi en B2B, avec Shanti Travel ou avec des agences de voyages spécialisées comme Vintage Rides. Aussi n’est-il pas rare de voir des clients arriver à moto au camp. Si en juillet et en août, les touristes sont majoritairement occidentaux, en mai et juin, la clientèle est plutôt indienne. Et les attentes sont bien différentes.

…aux visiteurs du Ladakh

Luxe et écologie sous la tente

Luxe et écologie sous la tente

Pour la clientèle indienne, visiter le Ladakh, c’est le voyage à faire au moins une fois dans sa vie. Le film Trois Idiots, sorti en 2009, dont la dernière scène est tournée au Pagong Lake, a donné à beaucoup d’Indiens l’envie de visiter la région. Et nombreux sont ceux qui commencent à franchir le pas.

Si la plupart des clients indiens comprennent immédiatement l’esprit du camp, d’autres envisagent l’expérience comme un produit de consommation. « Quand certains clients me demandent s’il y a une connexion, je réponds “Oui, avec la nature.” Certains rient et d’autres prennent directement un taxi pour aller dans un cybercafé en ville. »

 

 

Serial éco-entrepreneur

Ouvert pour sa quatrième saison, le camp marche très bien. Le système est bien rôdé, tant pour Laurige que pour le personnel. Ce qui signifie, pour l’entrepreneur, qu’il est temps d’imaginer d’autres projets.

Une croisière au fil du Gange

D’autant plus qu’entre septembre et mai, il faut bien s’occuper. Et pourquoi pas avec une croisière sur le Gange ? Contrairement au Nil, et en dépit de sa dimension sacrée, le Gange est assez peu utilisé par les voyageurs.

 

À la découverte de l’Inde rurale

Un bateau écolo sur le Gange

Un bateau écolo sur le Gange

Avec un bateau retapé à Varanasi, Ganga Boat Ride & Cruise propose d’octobre à mars de naviguer sur le Gange. Les croisières sont modulables, de 2 à 6 jours à bord selon le temps dont les voyageurs disposent. Point de départ ou d’arrivée, découvrir Varanasi depuis le Gange est « une expérience extraordinaire au coucher du soleil. C’est l’une des plus anciennes villes habitées du monde.. et un véritable capharnaüm. »

Là encore, l’éco-entrepreneur a une vision responsable et écologique. « Nous nous arrêtons dans des villages de potiers où personne ne s’arrête. Vingt gamins nous accueillent dès que l’on descend du bateau. C’est un voyage hors du temps pour découvrir l’Inde rurale. » Or le risque est d’être vite copiés, et mal, ainsi que de voir rapidement des plages aujourd’hui désertes devenir un lieu de débarquement incessant de bateaux de touristes. « On essaie de ne pas polluer touristiquement les villages, en changeant d’arrêts à chaque voyage. »

Une expérience exclusive

luxe et couleurs sur le gange

luxe et couleurs sur le Gange

Le fait que le bateau remonte à vide vers son point de départ en fait un voyage assez cher. Il faut compter en gros 100 € par jour et par personne, repas inclus. Mais l’idée est prisée par les agences de voyages : Shanti Travel, Terres Oubliées et Routes du Monde (au Canada)… « C’est le genre de voyage dont on peut dire : personne ne l’a fait. »

 

Une agence spécialisée dans le Nord-Est

Ces deux activités complémentaires fonctionnant bien aujourd’hui, le serial éco-entrepreneur continue sur sa lancée. « Mon épouse est originaire du Meghalaya, au nord-est du pays, à la frontière bangadeshi; cette région compte sept États, connus sous le nom des Seven Sisters », avec des cultures propres, différentes de l’Inde des plaines. « Avant la domination britannique, c’étaient des royaumes à part entière. Ce sont des régions peu polluées par le tourisme et par le monde moderne. »

L’occasion pour Laurige de lancer un nouveau projet : Eastern Routes autour de thématiques spécifiques : « Trekking, voyage à vélo entre parcs nationaux et plantations de thé, développement d’un programme moto en Royal Enfield. Il y a aussi d’autres thématiques sur l’artisanat ou la cuisine locale: on consomme beaucoup de bœuf, de porc, de canard en Assam et au Nagaland, du chien, du singe, des vers… Bref, c’est une cuisine différente du reste de l’Inde. Mais on ne force pas les gens à tout goûter. »

Des programmes que l’éco-entrepreneur compte bien développer tout en proposant en parallèle des voyages sur-mesure. « On a une clientèle qui a déjà voyagé plusieurs fois en Inde, au Rajasthan, au Kerala… et qui veut voir autre chose. Nous prônons le Slow Travel en favorisant les rencontres avec les habitants des pays visités. Nous privilégions les voyages qui permettent de prendre le temps d’échanger, d’écouter et de découvrir les habitants, de contempler un lieu, de découvrir un endroit insolite, de s’en imprégner, de laisser la place à l’imprévu. »

 

Devenir éco-entrepreneur en Inde, est-ce facile ?

 

Pour Laurige, entreprendre n’a jamais posé de souci. Mais le serial entrepreneur a quelques atouts dans sa manche.

Avoir les bons partenaires…

Et pour cela, rien ne vaut un bon réseau : « Au bout de 5 ans chez Shanti Travel, je savais comment fonctionnait l’Inde. En trois mois, j’ai créé ma boîte. Je connaissais de longue date celui qui est devenu mon partenaire au Ladakh. C’était facile. »

… et une bonne répartition des rôles

Et c’est la même chose pour chaque projet : les partenaires de l’éco-entrepreneur « sont d’abord des relations amicales avant de devenir professionnelles ». Non seulement la confiance règne entre les partenaires, mais les rôles se répartissent aisément. Pour les croisières, « je m’occupe du marketing et des ventes. La logistique et les croisières sont assurées par mon partenaire. » De même, dès les premiers voyages organisés par Eastern Routes, Laurige et son partenaire se sont révélés complémentaires : « Je connais bien la clientèle, et lui à une bonne connaissance des lieux ainsi qu’un bon réseau sur place, dans les transports et les hôtels ». Entre les deux associés, la communication passe très bien.

 

Savoir bien s’entourer

« J’ai eu la chance d’avoir un excellent comptable, qui m’a expliqué comment faire pour payer mes taxes en tant qu’étranger entrepreneur en Inde » sans être pris à la gorge. Un problème que n’a plus Laurige aujourd’hui. Marié à une Indienne, il est soumis au régime indien.

Sans oublier les « anciens », d’autres entrepreneurs qui sont passés par là et peuvent maintenant conseiller les jeunes qui se lancent. « Alex et Jérémy, à Shanti Travel ont été mes mentors, pendant 5 ans. Alex Lieury, le fondateur du groupe Amarya, aussi. Car monter un camp au Ladakh, c’était un rêve, mais était-ce possible ? J’ai mis toutes mes économies dans ce camp et j’ai reçu un peu d’aide de mes parents. Je n’ai eu aucun prêt bancaire. Si je me plantais, je me retrouvais à la rue. »

Aujourd’hui, l’éco-entrepreneur est heureux : « J’ai pris goût à l’entrepreneuriat, à créer des projets écologiques et responsables. J’ai un partenaire au Ladakh, un en Uttar Pradesh et un en Assam. »

Mais il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « Pour les 3-4 ans à venir, je reste en Inde pour développer ces activités et qui sait, peut-être monter d’autres projets en Orissa ou dans le Gujarat, des endroits encore peu connus. »

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