Lancer son business en Inde : sur qui compter?

Faire du business en Inde, un rêve pour beaucoup d’entreprises. Mais aussi un parcours semé d’embûches. Sur qui peut-on compter lorsqu’on est une PME ou un ETI qui cherche à conquérir cet immense marché ? Aujourd’hui, la France se situe parmi les trois premiers investisseurs étrangers en Inde. Plus de 1000 filiales françaises y sont implantées.

Et quid des entrepreneurs qui partent de zéro pour lancer leur business en Inde ? « Les Français et les Hollandais sont les nationalités d’expatriés qui comptent le plus d’entrepreneurs, estime Mathilde Souffront. D’après mes calculs, il y a environs 800 expatriés français à Bombay, dont 460 adultes parmi lesquels 30 entrepreneurs. Le ratio est énorme ». L’annuaire des entrepreneurs individuels en Inde, publié récemment par le consulat de France à Bombay en liste pas moins de 180. Mais le chiffre est vraisemblablement beaucoup plus élevé en réalité.

Alors, que vous soyez une PME, une multinationales ou simple entrepreneur, sur qui pouvez-vous compter en Inde ?

Lancer son business en Inde

Si vous êtes une grosse PME ou une ETI (entreprises de taille intermédiaire)

Business France

Issue de la fusion au 1er janvier 2015 d’UBIFRANCE et de l’AFII (ex-Agence française pour les investissements internationaux), Business France, présent en Inde et dans 70 autres pays, a pour missions :

  • d’appuyer les entreprises françaises dans leur développement à l’international tant en termes d’export que de projets d’investissement,
  • d’identifier et accompagner les investisseurs étrangers dans leur projets créateurs d’emploi en France,
  • de mettre en œuvre une communication sur l’image de la France à l’international.

Concrètement

Une trentaine d’experts, disposant chacun d’un important réseau de contacts, sont répartis entre New Delhi, Bombay, Bangalore et Chennai. Les 4 bureaux sont organisés en 4 secteurs Infrastructures – Transports – Industries ; Mode – Habitat – Santé ; AGROTECH ; Nouvelles Technologies – Innovation – Services. Selon la ville, certains bureaux sont plus spécialisés : agroalimentaire et institutions à Delhi ; biens de consommation et les services à Bombay ; nouvelles technologies à Bangalore. Le pôle « Services aux Entreprises » accompagne les entreprises françaises sur des problématiques d’accès marché (droits de douanes, réglementations sectorielles et produits, information sur le cadre juridique et fiscal, etc.), de communication et relations publiques.

Services

Mumbai entre modernité et tradition

Mumbai entre modernité et tradition

« Les entreprises nous contactent directement selon leurs besoins : réaliser une étude de marché, gérer des relations publiques, obtenir des rendez-vous qualifiés avec des contacts indiens pertinents pour leur projet de développement, etc. C’est un service sur-mesure visant à orienter les entreprises et leur ouvrir les bonnes portes, avec l’avantage de leur faire gagner du temps » explique Sylvain Biard, Chef de Pôle NTIS pour l’Asie du Sud.

L’agence est présente sur les grands salons professionnels internationaux et de la région (Arab Health, Gulf Food, Mobile World Congress, etc.) où des rendez-vous d’affaires sont organisés avec des visiteurs indiens. L’agence s’appuie enfin sur un réseau de partenaires institutionnels et économiques (Conseillers du Commerce extérieur de la France, Indo-French Chamber of Commerce & Industry, agences régionales, consultants privés, etc.) pour proposer des solutions les plus complètes et pertinentes possibles à ses clients (hébergement, recrutement, etc.).

Nombre d’entreprises accompagnées

Entre 250 et 300 entreprises sur l’Inde ainsi que ses marchés limitrophes (Bangladesh, Pakistan et Sri Lanka), sur des durées pouvant fréquemment atteindre un an à un an et demi (voire plus).

Que penser de l’Inde ?

Il y a des opportunités à saisir dans grand nombre de domaines, y compris les plus réglementés. Faire du business en Inde signifie être en concurrence avec les Indiens mais aussi avec le reste du monde. Pour réussir, il faut répondre à un besoin précis, proposer une technologie pointue ou être sur un secteur hyperspécialisé et peu concurrentiel. « On entend souvent que seuls les grands groupes peuvent réussir ici. Or nous avons vu des start-up extrêmement courtisées par les entreprises indiennes. »

L’Indo-French Chamber of Commerce and Industry (IFCCI)

Organisation

Faire du business en Inde n’a plus de secret pour l’IFCCI qui, depuis 1977, a pour mission de favoriser les relations économiques et d’affaires entre la France et l’Inde. Pour ses 520 membres, qui représentent des entreprises françaises et indiennes, basées en Inde et en France, elle organise : des conférences et des ateliers techniques, un partage d’informations via ses publications, l’accompagnement d’entreprises françaises et indiennes souhaitant se développer en Inde et en France. Tout nouveau, un Service Emploi aide les Français à trouver du travail en Inde.

Concrètement

« Notre cœur de métier, c’est l’identification de prospects et l’organisation de meeting b2b pour les entreprises françaises qui veulent se développer en Inde (importation et implantation)… ainsi que les entreprises indiennes qui cherchent à exporter en France » explique Laura Prasad, la secrétaire générale de l’IFCCI. En clair, elle réalise, selon les demandes et besoins des entreprises : études de marché, recherche de distributeurs, de partenaires, de clients, de fournisseurs, voyages en Inde, avec rendez-vous et réunions à l’appui ainsi que le suivi, mise en contact avec des avocats, des experts-comptables ayant l’habitude de travailler avec la France.

« Nous avons des business centers à Bombay, Delhi, Chennai, bientôt à Bangalore. Une équipe bi-culturelle assiste les entreprises dans tous les aspects de leur implantation, le temps qu’ils s’installent et démarrent leur activité. Les entreprises se focalisent sur l’opérationnel, nous nous chargeons de la logistique.» Pas de limite de durée, mais en moyenne, les entreprises restent 6 mois à un an, voire 3 ans pour certains.

Nombre d’entreprises accompagnées : Plus de 80 entreprises en 2013-2014

Point de vue : « En Inde, la relation est très importante. Donc il faut mobiliser du temps et des ressources humaines pour venir ici et créer la relation. C’est capital pour faire des affaires en Inde ».

Et les entrepreneurs… sur qui peuvent-ils compter pour faire du business en Inde ?

Bonne nouvelle, les entrepreneurs français ont de plus en plus le vent en poupe, notamment auprès des institutions : annuaire des entrepreneurs individuels, articles dans la presse… Et pour s’entraider ?

Cercles des Entrepreneurs Français en Inde

Organisation

Basée à Delhi, le CEFI a été créé en 2014 à la demande de l’ambassadeur, afin de mieux connaitre les Français installés en Inde, et les encourager à se structurer pour s’entraider. Aujourd’hui, le CEFI compte une quarantaine de membres, majoritairement des entrepreneurs, mais aussi de grosses entreprises, qui se retrouvent régulièrement pour évoquer différentes problématiques sur la poursuite du business en Inde.

Concrètement 

Visa, assurance, comment et où recruter des employés, quelle structure choisir pour sa société … les thèmes des réunions organisées tous les 2 mois, à l’IFCCI (hé oui) sont principalement orientés autour des besoin de ceux qui lancent leur business en Inde, mais pas seulement. Les invités (avocats, expert-comptables…) sont des professionnels, mais l’ambiance est détendue et amicale. Le CEFI diffuse également, en collaboration avec Ubifrance, CV, offres d’emplois et de stages.

LE CEFB

Business à Bangalore

Business à Bangalore

Plus ancien, le CEFB, cercle des entrepreneurs français à Bangalore se réunit régulièrement autour du même type de problématique.

Dernier né : l’IFCCI et les entrepreneurs français de Mumbai

Organisation

Régulièrement, depuis novembre 2014, à l’initiative de l’IFCCI, les entrepreneurs français de Bombay se réunissent pour échanger sur les questions, les difficultés qu’ils rencontrent. « Ils se connaissent souvent par ailleurs, mais ne pensent pas forcément à se parler de leurs difficulté. Ici, ils se rendent comptent qu’ils ont les mêmes problèmes » explique Laura Prasad.

Concrètement

« A Bombay, tout un groupe d’entrepreneurs voulait lancer une dynamique. Et c’est ce qu’a enfin réalisé l’IFCCI : un outil pour comprendre nos problématiques et nous aider » se réjouit Mathilde. Car les entrepreneurs ont des problèmes et des questions spécifiques, qui ne se posent à aucun autre expatrié : structure de société, problèmes de visas…

Si les entrepreneurs aujourd’hui bien installés ont su affronter un certain nombre de problèmes, ces échanges et la plate-forme à venir seront un outil précieux pour les jeunes entrepreneurs qui vont lancer leur business en Inde, « une mine d’or pour les suivants qui va aider à développer l’entrepreneuriat en Inde, commente Mathilde Souffront. Quand on s’installe en Inde, l’entraide est capitale. Je reçois plein d’emails de stage, de gens qui veulent créer leur boite, de demandes d’infos, et je prends toujours le temps de répondre, de mettre les gens en contact…. C’est nécessaire pour créer une dynamique et s’aider les uns et les autres… Il y aura toujours un retour par la suite ».

Et vous ? A qui avez-vous eu recours pour lancer votre business en Inde ?

Lien Permanent pour cet article : https://www.theindianproject.com/lancer-business-inde/

Entre Delhi et Bombay, un monde de différences

Delhi et Bombay sont des symboles de l’Inde et pourtant elles n’ont rien en commun. C’est le constat quotidien de Mathilde et Doris, les premières expatriées françaises à se lancer dans l’immobilier avec l’agence MD Relocation & Consultancy, qui couvre les deux villes. Elles ont trouvé dans ces différences l’équilibre nécessaire pour développer leur activité et affronter les challenges de l’immobilier à l’indienne.

Entre Delhi et Bombay, la naissance du duo MD

Un « coup de foudre » amical

Doris et Mathilde se sont rencontrées à Delhi en 2008.

De Bombay à Delhi, Mathilde, co-directrice de MD Relocations

De Bombay à Delhi, Mathilde, co-directrice MD Relocations

Mathilde, arrivée depuis quelques mois, travaillait pour le groupe Amarya : « C’était mon premier travail salarié après mes études, ma première fois en Inde et ma première fois en Asie tout court. J’étais parachutée sans savoir exactement où j’allais. J’avais 3 mois pour savoir si j’aimais le pays et si je voulais y rester. »

Doris, elle, était amoureuse du pays. Son objectif, une fois son diplôme d’école de commerce en poche, était de pouvoir y mener sa vie professionnelle. Son rêve se réalise en 2003. Elle part en Inde pour un stage dans une agence de merchandising puis revient en 2005 pour représenter le dentelier français Jean Bracq, avant de s’y installer définitivement..

Dès la première rencontre de Mathilde et Doris autour d’un client commun, « ça a été un coup de foudre amical. Nous avons rapidement discuté de projets autour desquels nous pourrions nous associer ».

Entrepreneuses-nées

Mathilde a l’entrepreneuriat dans le sang : « Je viens d’une famille d’entrepreneurs, j’ai toujours baigné dans cette ambiance. Mais avec qui, comment, et quoi, je n’en avais aucune idée. » Doris, pour sa part, avait déjà commence l’aventure. Au bout d’une année en Inde, à 23 ans, elle avait lancé sa boîte de relocation : « Cela faisait un an que j’étais en Inde et tous les expatriés que je rencontrais me demandaient des conseils. Je me suis dit qu’il y avait un marché et hop, j’ai lancé ma boîte, Doris Services and Consultancy»

Lors d’un séjour de repérage à Bombay, les deux entrepreneuses décident de s’associer et de monter la deuxième agence. L’entreprise prend alors le nom de MD Relocation & Consultancy et propose à ses clients, dont une bonne partie sont des expatriés, de leur trouver un logement se rapprochant au maximum de leurs attentes. L’association est effective dès la fin de l’année 2008 et Mathilde part s’installer à Bombay, tandis que Doris reste à Delhi.

Des villes différentes… à l’image de l’immobilier

Entre Bombay et Delhi, rien à voir. Mumbai, avec ses grands buildings sales, « est un mélange entre New York et Hong Kong ». À Delhi, au contraire, les espaces verts sont plus nombreux et la vie est moins chère. Et ce n’est là qu’une des différences qui se reflètent dans l’immobilier.

A Bombay, l’agence opère dans une vingtaine de quartiers, et à Delhi dans une cinquantaine de « colonies », au sud de la ville. Mais derrière cette offre commune, la réalité et les défis de l’immobilier indien sont bien différents.

Des offres différentes entre Delhi et Bombay

Par exemple, les offres immobilières : « À Delhi, les loyers sont deux fois moins chers, explique Mathilde, il y a beaucoup plus d’offres, de constructions neuves. » Contrairement à Bombay, où il y a moins de logements disponibles, généralement plus petits qu’à Delhi et bien plus chers. « À Delhi, pour 5000 euros, on peut trouver une farm house avec jardin et piscine à 30 mn de la ville. Pour le même prix à Bombay dans un quartier central, on a un appartement de 3 chambres de 180m2. »

Des processus différents

Ces divergences influencent jusqu’à la manière de rechercher un appartement. « Comme il y a beaucoup d’offres à Delhi, les clients prennent plus de temps pour chercher, ils multiplient les brokers (les agents immobiliers) – ils font parfois appellent jusqu’à 5 ou 6 personnes. Et les négociations sont dans l’ensemble plus faciles avec les propriétaires qui veulent louer leur bien. »

À Bombay, au contraire, les clients doivent prendre rapidement leur décision puisque les négociations sont plus longues, et qu’un seul produit attire des offres multiples. Les clients ont recours à 2 ou 3 brokers maximum. Ils acceptent plus de compromis pour obtenir l’appart qu’ils souhaitent car le choix est limité. « En fonction de la demande du client (prix/quartiers), il y aura par exemple 5O produits disponibles. 20 sont montrables, le client en aimera 3 ou 4 et nous en négocierons 2. En moyenne, nous faisons le tour du marché avec le client en 3 après-midis. » Et contrairement aux idées reçues, « il est plus facile pour nous de faire de très belles négociations avec un client expatrié qu’un client de nationalité indienne. » Bonne situation dans une multinationale, revenus assurés… les propriétaires sont rassurés.

Même les processus pour finaliser les locations sont différents. « À Delhi, en 1 mois, le bail peut être signe, enregistré et le locataire peut prendre possession des lieux. À Bombay, entre les négociations, la paperasse, le versement de la caution, les rénovations, cela prend beaucoup plus de temps, en moyenne 3 mois, ce qui est énorme » Même chose pour les cautions : 3 mois de caution suffisent à Delhi, alors que l’on réclame souvent 6 à 12 mois à Bombay.

Delhi / Bombay : deux villes, deux manières de travailler

« Delhi est un beau marché immobilier, reconnaît Mathilde, mais je ne pense pas que je réussirai à y travailler. Contrairement à Doris. » Elles sont associées mais doivent fonctionner différemment pour manager les deux bureaux.

Différentes mais complémentaires

MD Relocation est un groupe, mais les deux co-directrices travaillent séparément, Mathilde à Bombay et Doris à Delhi. « Nos clients, nos staff sont différents. Ma manière d’embaucher, de former, de manager est différente de celle de Doris. Les profils que nous embauchons sont différents. »

Bombay Delhi, Doris, co-directrice de MD Relocations

Bombay Delhi, Doris, co-directrice de MD Relocations

Même si elles travaillent indépendamment l’une de l’autre, chacune sait ce qui se passe chez son associée, les deals en cours, et avec quels clients, les rentrées d’argent… Mais elles ne sont jamais en contact avec le client de l’autre.

En termes de business, aucune décision n’est prise sans consultation préalable entre les deux codirectrices. « À deux, on est plus fortes, on partage. Régulièrement, on s’appelle pour se demander des conseils, de l’aide. On partage les bonnes et les mauvaises nouvelles. On se soutient. Notre duo est solide et magique !»

Et cela fait maintenant 8 ans que le binôme Mathilde-Doris fonctionne : « Nous n’avons jamais eu de divergence pendant tout ce temps. Même sur les rentrées d’argent, nous sommes complémentaires. Quand Delhi faisait de l’argent, Bombay en faisait moins et vice versa»

Que l’une soit à Bombay et l’autre à Delhi est même un avantage pour ces deux entrepreneuses nées. « Nous avons toutes les deux un caractère très fort et nous avons besoin d’être indépendantes, ce qui ne nous empêche pas de faire beaucoup de choses ensemble. »

Travailler en Inde avec les Indiens

En 8 ans, les co-fondatrices de MD Relocations ont énormément appris, sur l’Inde et sur l’humain. Mais surtout, elles savent maintenant comment travailler en Inde.

Repérer les stratégies émotionnelles 

Les Indiens sont forts sur le plan émotionnel, rappelle Mathilde. Les principes de base pour travailler avec eux : « Comprendre comment ils fonctionnent, ne pas rentrer dans leur jeu et toujours avoir 2 ou 3 coups d’avance ». Qu’il s’agisse des brokers ou des propriétaires, « c’est à nous de savoir si les personnes sont honnêtes. Ou, si elles nous mentent, de comprendre pourquoi. C’est un jeu d’échecs tout le temps ».

Toujours anticiper

Chaque deal, chaque client est un cas à part. Il n’y a pas deux situations identiques. « On a beau avoir suivi les travaux promis pour que le locataire puisse aménager en temps, il y a toujours des surprises lors de l’inspection des lieux. » Aussi, Mathilde et Doris ont pris l’habitude d’avoir toujours trois ou quatre plans d’avance pour anticiper chaque situation. « Même si, au final, les choses se passent rarement comme on s’y attend. »

Tout mettre par écrit

Il est capital de tout mettre par écrit, par mail ou par contrat, pour se protéger et protéger son client. « Il est arrivé qu’on ne soit pas payées parce que ce n’était pas par écrit. Aujourd’hui, on se protège sur chaque étape d’un contrat. C’est aussi le moyen de nous dédouaner car c’est facile de faire retomber la faute sur le broker. »

Savoir crier au bon moment

Être derrière les gens est une autre règle d’or. Cela prend du temps, mais sinon, « rien n’avance ». Il faut également savoir crier au bon moment, même si cela ne nous vient pas naturellement. Mais cela permet de dénouer des situations. « Il faut hausser la voix pour se faire entendre, mais toujours avec le sourire ! C’est comme les rickshaws de Delhi : si tu ne hausses pas la voix, tu ne vas nulle part. »

En tampon entre étrangers et Indiens

Anticiper les attentes des clients

Du côté des clients, tout n’est pas tout rose non plus. MD Relocation joue régulièrement les tampons entre les exigences de clients expatriés et la réalité indienne. Sachant que, selon leur nationalité, les clients ne fonctionnent pas non plus sur le même modèle. Un Allemand veut que tout soit carré et ne réagit pas comme un Suisse, ou comme un Américain, qui sera différent d’un Français… « Notre regard d’étrangères est une valeur ajoutée pour eux et on fait tout ce qu’on peut pour être en adéquation ».

Tout à beau être fait comme c’était convenu, « il y aura toujours quelque chose qui cloche : une ampoule qui aura grillé, une panne de chasse d’eau, la présence de termites que personne n’avait soupçonnée, un peu de moisi dans un placard ». Là encore « nous devons anticiper les attentes des expatriés, qui vont se focaliser sur des choses qui ne choquent pas les Indiens ». Certains acceptent, d’autres pas du tout.

Accompagner le client

Le rôle de Mathilde et Doris va parfois bien au-delà de celui de l’agent immobilier : « On voit tout de suite un client qui va être stressé. En tant que broker, nous avons aussi un rôle de psychologue : comment appréhender la ville ? Comment comprendre le marché immobilier ? Il faut aussi expliquer que 3 mois pour trouver un appartement, c’est normal ».

Parfois la mission est bien précisée : « Il est arrivé que des entreprises m’appellent en disant : “Peux-tu t’occuper des visites ?” Et aussi de faire en sorte que ce client aime bien Bombay. C’est mon remplaçant et il faut absolument que je parte, mon contrat se termine ».

Ceci dit, Mathilde et Doris s’efforcent de rester aussi neutres que possible, montrant le bon comme le mauvais côté des choses.

 

Se faire connaître en Inde

La construction d’un réseau

« À mon arrivée à Bombay, je ne connaissais pas la ville et je n’avais aucun contact, ni professionnel, ni personnel » explique Mathilde qui décide de sortir tous les soirs pour rencontrer du monde et se construire son réseau professionnel et personnel. Et ça marche. « Au bout d’un mois, j’avais mon premier client. J’ai rencontré à ce moment-là des gens avec qui je travaille encore étroitement aujourd’hui. Ce sont de vraies relations de confiance. Quand je partais en vacances, je leur laissais mes clients. En général, nous avons toujours eu la chance de rencontrer les bonnes personnes au bon moment. »

L’incontournable bouche à oreille…

Les premiers clients de Mathilde étaient à l’Alliance française. « Ils m’ont envoyé leurs amis. Puis il y a eu des clients au consulat, des gens rencontrés en soirée… Avec le bouche-à-oreille, j’ai commencé à avoir des clients américains, espagnols. » Mais la différence s’est faite après le premier gros contrat. « À partir du moment où les gens l’ont su, il y a eu un effet boule de neige qui continue aujourd’hui. »

…plus efficace que la communication et les médias

Doris et Mathilde ont participé à des réunions rassemblant des représentants d’entreprises, ont noué des partenariats avec des sites d’accueil pour expatriés. Mais cela ne marche pas en Inde. Alors que plusieurs médias français ont suivi la trajectoire de deux jeunes entrepreneuses, les médias indiens les ont complètement snobés. L’immobilier ? Pas assez sexy pour eux, contrairement à tout ce qui touche à la restauration, aux loisirs ou au luxe, où la French touch fait rêver.

 

D’autres projets à venir ?

Aujourd’hui, MD Relocation marche bien, très bien même. « Nous ne sommes pas milliardaires, mais nous avons toujours été en croissance. On gagne suffisamment pour avoir des équipes, se verser un salaire. Nous avons largement dépassé les objectifs du business plan pour Bombay, même chose pour Delhi », se félicitent Mathilde et Doris.

Si l’occasion d’ouvrir des franchises se présente dans d’autres villes, pourquoi pas, mais une autre aventure s’ouvre maintenant à nos serial-entrepreneuses, MD-Healing : la médecine alternative, à travers la recherche du bien-être : hypnose, energy healing, méditations, le projet est en train de prendre forme en Inde et à Dubai. « Depuis 8 ans, nous apportons un bien être matériel aux gens. Aujourd’hui, nous voulons leur apporter aussi un bien être personnel et émotionnel. » Toujours entre Delhi et Bombay.

Si vous recherchez l’appartement de vos rêves

à Mumbai

contacter Mathilde à Mumbai :

mathilde.souffront@md-relocations.com

Mobile: +91 96 1930 9020/95

 

 à Delhi

Contactez, Doris:

doris.delessard@md-relocations.com

Mobile : +91 9873351445/ 99 9920 0729

Lien Permanent pour cet article : https://www.theindianproject.com/delhi-et-bombay-monde-differences/

Rebondir après un échec en Inde

Rebondir en Inde, c’est possible : Baptiste Frérot, fondateur de LaserGame, l’a fait. En but aux pires difficultés pour introduire le laser game en Inde, ce jeune entrepreneur est parvenu à rebondir et même à se lancer dans une nouvelle entreprise, Planet Ride.

Un concept nouveau en Inde

Baptiste Frérot, co-fondateur de Laser Game et Planet Ride

Baptiste Frérot, co-fondateur de Laser Game et Planet Ride

Baptiste Frérot a découvert l’Inde à l’occasion d’un stage, pendant des études en management hôtelier, dans un réseau de guesthouses de luxe monté par deux jeunes entrepreneurs français. Son diplôme en poche, il retourne en Inde pour travailler au développement de leurs hôtels.

Face à l’indigence de l’offre de divertissements destinés aux jeunes Indiens des grandes villes, « nous avons eu l’idée d’ouvrir des centres de laser game, concept qui n’existait absolument pas en Inde ».

Toutes les galères possibles

Baptiste ouvre donc, il y a 3 ans et demi, le premier centre de laser game en Inde… aujourd’hui fermé. « Nous avons eu toutes les galères possibles », explique le jeune entrepreneur.

La première étant, pour des Européens, de s’adresser au marché indien. Avec un concept tout nouveau, par dessus le marché! Nombre d’entrepreneurs étrangers en Inde qui marchent bien s’adressent à des consommateurs étrangers. Lorsqu’il s’agit de toucher une clientèle majoritairement indienne, c’est une autre aventure. « Nous n’avions absolument pas anticipé la question culturelle du comportement d’achat des Indiens. Pour eux, on ne paie pas pour un service. On paie pour un objet, pour avoir du concret en main. Nous étions confrontés à un double challenge : proposer un nouveau service et nous faire payer pour ça. »

L’entreprise croyait pouvoir faire face en proposant des prix très compétitifs : « Notre jeu était 50 % moins cher qu’à l’international (en gros, 5 euros au lieu de 10 euros ailleurs). Or les clients ne jouaient que pour 3 €. »

Autre challenge, la communication. Au départ, l’équipe lance une campagne de marketing classique pour une entreprise occidentale : campagnes de pub, radio…« La pub en Inde est très différente de ce qu’on voit en Europe : il n’y a pas d’humour, ce sont des concepts bateau qui durent des heures et font référence à la famille… »

L’emplacement pose rapidement problème.« Nous avons cru que le concept ferait tout et nous avons ouvert un premier centre dans un endroit un peu reculé de Delhi, qui avait l’avantage d’être un peu moins cher et de nous offrir l’espace dont nous avions besoin. C’était une erreur. Les gens ne venaient pas. »

Rebondir sur de nouvelles bases

«Un Néerlandais, Tjaco Walvis, installé depuis 20 ans en Inde, nous a expliqué comment réfléchir pour qu’un nouveau produit soit accepté sur le marché indien et qu’il ait un vrai potentiel. D’abord, diviser son prix par deux par rapport aux prix à l’international tout en ne baissant de qualité « que » de 30 %. Avec un bon marketing, bien adapté, il peut se vendre. Certes, les marges sont moins élevées, mais le potentiel du produit est tel sur un marché aussi énorme qu’on peut s’y retrouver. Si on ne parvient pas à trouver ce modèle, il faut oublier l’Inde. »

Des coûts faibles, sans renoncer à la qualité pour autant « et un packaging à l’Indienne: il faut que ça brille, qu’il y ait des couleurs, du Bollywood », ajoute Baptiste Frérot. C’est avec ces quelques pistes que Laser Games se remet en selle.

Tout d’abord en changeant d’emplacement

Le nouveau centre a ouvert à Patiala (Punjab) dans un centre commercial. « Ça marche mieux et le loyer varie en fonction du chiffre d’affaires. Nous avons lancé des franchises. L’une a ouvert à Hyderabad : grâce à notre expérience, c’est plus facile de convaincre les gens de passer par nous pour ouvrir une franchise ».

La communication est également revue, avec un nouveau vecteur : les ambassadeurs. «Nous avions beaucoup de clients qui venaient régulièrement, sans en parler autour d’eux. Nous avons décidé d’optimiser le bouche-à-oreille : nos meilleurs joueurs âgés de 15-20 ans sont chargés de vendre des tickets. En échange, ils obtiennent 15 à 20 % du prix de vente. Ça nous permet de nous concentrer sur une clientèle existante, et de toucher directement ceux qui peuvent être intéressés. »

Pour Laser Game, rebondir passe par le lancement d’un nouveau concept : le laser game mobile. « Louer un centre coûte cher, l’équipement coûte cher… bref, avec les laser game mobiles, la structure est plus légère. Nous n’avons plus besoin de payer un loyer, ni l’électricité ».

Réussir à convaincre les investisseurs

Laser Game est parvenu à l’équilibre l’été dernier. Mais de l’aveu de Baptiste, trouver des investisseurs n’a pas été une sinécure. D’une part en raison du positionnement : « Beaucoup de gens qui ont de l’argent à investir en Inde – les business angels, les investisseurs… – sont axés sur les web start up. Nous sommes en marge. Nous avons eu beaucoup de rendez-vous, d’interminables négociations. Il s’agissait de les persuader du bien fondé du concept. Ça a été long mais ça a fini par prendre. »

Ce qui a convaincu les investisseurs ? « L’équipe, le projet. Nous avons une bonne réputation, un business model sérieux et des études de marché bien faites. Nous nous sommes beaucoup appuyés sur notre réseau. Le projet a un vrai potentiel, sinon nous aurions abandonné. Or cela fait 3 ans et demi que nous travaillons dessus. Il y a quelque chose et les investisseurs l’ont senti. »

Le dernier investisseur est entré à la fin de l’été 2014 et Laser Game est opérationnel depuis fin décembre.

Un nouveau projet à suivre : Planet Ride

logo-planet-ride-noirUn autre défi attend maintenant Baptiste. Avec Alex Le Beuan et Alex Zurcher, il vient de lancer Planet Ride, une agence de voyages en ligne spécialisée dans les road trips, partout dans le monde.

Si le projet est incubé en Inde, chez Vintages Rides, qui est également un partenaire, il sera monté en France. « Ici, pour créer un business en web service, on est obligé d’avoir un partenaire indien à 51 %, explique Baptiste. De plus, nous avons besoin d’une licence d’agent de voyage mais surtout de créer notre crédibilité, notre légitimité. En France, nous pouvons générer cette crédibilité plus facilement qu’en Inde. »

Créer une PME en Inde, ce n’est pas si facile

« Tant qu’on est une start-up, on peut toujours bidouiller, régler les taxes discrètement. Mais à partir du moment où une PME commence à avoir un revenu conséquent, elle rentre dans le radar de l’income tax. Et là, il faut être en règle. »

Au final, les PME ont des charges très importantes. Faire du business en Inde coûte cher, embaucher des gens capables et bien formés aussi.

« Se structurer en Inde comme PME est difficile et prend du temps. Il faut déjà avoir, dès le lancement, une vision claire sur la structure finale, conseille Baptiste, et de savoir quelle est la logique de développement de la boite qu’on monte. »

Avant de tenter quoi que ce soit sur le marché indien, il faut absolument y passer du temps. Et Baptiste d’insister : rencontrer des entrepreneurs, des clients, des investisseurs, comprendre le marché. « Car c’est clair : aujourd’hui, le marché indien fait rêver tout le monde ».

Lien Permanent pour cet article : https://www.theindianproject.com/laser-game-planter-mieux-rebondir/

Load more

%d blogueurs aiment cette page :