La Yoga House, de la passion au business

Une Française qui ouvre une yoga house en Inde ! C’était osé, mais Maud Chuffart n’a pas froid aux yeux. Elle l’a fait. Son objectif : partager sa passion pour le yoga!

De la passion du yoga au business

Vivre de sa passion

Abandonnant une prometteuse carrière dans le conseil, sa passion pour le yoga conduit Maud Chuffart en Inde. Au départ, son but est d’approfondir sa pratique et sa connaissance.

Maud Chuffart, passionnée de yoga et fondatrice de la Yoga House à Bombay

Maud Chuffart, passionnée de yoga et fondatrice de la Yoga House

Mais « le bon sens économique me disait que si je voulais monter quelque chose, ce serait plus intelligent de le faire dans un marché émergent, dynamique plutôt qu’en France: il y a déjà 60 studios de yoga à Paris et plein de restos healthy. Et puis je me suis demandée ce que je pouvais apporter, moi une Française, au pays du yoga et aux Indiens… ». Par exemple, des concepts pas ou peu exploités en Inde. « C’est un pays plus jeune, plus frais, et il y a moins de concurrence à ce niveau là », insiste Maud. C’est ainsi qu’est née la Yoga House.

Mais pourquoi l’Inde ?

« Tu débarques en Inde avec une idée claire en tête, affirme Maud. C’est un pays intense, tu n’y vas pas par hasard. » C’est aussi un pays émergent… ce qui signifie beaucoup d’opportunités, « mais ce n’est pas non plus le pays le plus facile pour des Français ».

 

Un nouveau concept dédié au yoga

Répondre à un manque dans la pratique du yoga

Stress, bruits, des habitants qui vivent à 100 à l’heure : vivre à Bombay n’est pas de tout repos. Il y a surtout des instituts traditionnels et historiques, qui existent depuis des années qui proposent de pratiquer le yoga hors de chez soi. « Ils ont une certes une âme, mais leur fonctionnement et leur organisation ne sont pas tellement adaptés au mode de vie citadin, que ce soit au niveau des horaires, des tarifs et des services proposés », remarque Maud. « Or les gens ont besoin de bien-être, de prendre soin d’eux. »

Loin du stress de la ville

Yoga House, calme au coeur de Bombay

Yoga House, calme au coeur de Bombay

La Yoga House, c’est donc un lieu alternatif pour pratiquer le yoga : « J’ai cherché une petite maison, avec beaucoup de verdure, des espaces ouverts. Il y a des cours le matin, le soir, les gens peuvent venir quand ils veulent. Les enseignants viennent de différentes traditions de yoga. » Studio pour les cours, restaurant, bar à jus et même boutique : autant de déclinaisons autour du yoga et de l’art de vivre sainement.

Un retour aux sources du yoga

« Ce sont les Indiens qui ont inventé le yoga. J’ai voulu respecter la tradition du yoga et intégrer l’enseignement dans un cadre agréable et attractif. »

Inutile de dire qu’on ne trouvera pas de cours de yoga mâtiné de pilates. « Commercialement, cela aurait été plus facile de répliquer ce type de modèle existant en Europe ou aux États-Unis. Les Indiens sont très friands de ce qui vient de l’Ouest. Or, en France, la pratique du yoga, dans la plupart des cas, se résume au travail physique. Cela attire les gens qui cherchent à faire du sport. La dimension théorique et philosophique, traditionnelle, elle, passe souvent à la trappe. » Ce n’est pas le cas des enseignants de la Yoga House qui viennent de différentes traditions : hatha, hatha vinyasa, ashtanga, iyengar…. Et avec des cours de 6h30 à 21h, le studio s’adapte à la vie trépidante des Bombayotes.

Des débuts un peu difficiles…

… dans un lieu différent de tout ce qui se faisait jusque-là en termes de yoga. Si les premiers élèves sont enthousiastes, peu de monde tente l’expérience. « Il a bien fallu 6 mois pour que les gens comprennent ce qu’on faisait. Il y a eu un travail d’explications. Nous devions nous assurer que tout soit lisible, rassurer etc… » Finalement, bouche-à-oreille aidant, la Yoga House attire de plus en plus de monde. « Je crois que les gens ont senti qu’il y avait un vrai respect de l’essence et de la nature du yoga et une passion pour le sujet. » 

Une deuxième maison

Yoga House, une deuxième maison

Yoga House, une deuxième maison

Aujourd’hui, la Yoga House attire autant d’expatriés que d’Indiens, la plupart sont assez cosmopolites. Ils ont voyagé et sont curieux de découvrir de nouveaux concepts, une nouvelle ambiance « L’objectif était que les gens s’y sentent bien. Certains en font leur deuxième maison, voire leur première quand ils ont de tout petits appartements. C’est un lieu de brassage, les gens se rencontrent discutent. Pour moi, l’objectif est atteint. »

La Yoga House attire aujourd’hui un millier d’élèves par mois et sert environ 50 couverts par jour, le double pendant le week-end.

Le yoga, un non-sujet en Inde

Le concept de la Yoga House a beau être innovant… il n’intéresse pas la presse. Le restaurant, en revanche, si ! « Le yoga fait partie de la vie quotidienne et ce n’est pas un sujet très intéressant en Inde. Quand un journaliste m’interviewait sur le restaurant, j’essayais de le convaincre de faire quelque chose sur le yoga, mais il me répondait que cela ne rentrait pas dans sa section. »

Une cuisine pionnière

En revanche, la cuisine proposée par la Yoga House, elle, est un sujet à part entière : bio, végétarienne, fraîche, healthy, à base de salades, de légumes et de céréales bio, mixant sucré-salé. « La nourriture saine telle qu’on l’a à la Yoga House n’était pas très répandue à Bombay. Depuis qu’on l’a lancée, j’ai l’impression qu’on a fait des émules… C’est aussi parce qu’il y a une demande de ce côté. »

Maud vient également d’ouvrir d’autres classes, notamment à Colaba (au sud de la ville, non loin des quartiers d’affaires) et souhaite développer d’autres Yoga House, ailleurs en Inde.

 

Comment réussir son business en Inde ?

Énergie et détermination

Ce sont les maîtres mots, selon Maud, pour qui veut réussir en Inde. Et de l’énergie et de la détermination, il en faut vraiment beaucoup : « Il faut être prêt à déplacer les montagnes… savoir être tolérant, s’adapter tout en restant ferme. »

Penser à tout

Avant de monter sa boîte en Inde, il faut « tout explorer et être assez intelligent pour trouver le bon modèle ». Un modèle qui, en l’occurrence, s’adapte aussi bien à la clientèle visée qu’aux règles officielles et officieuses, qu’on découvre au fur et à mesure que le projet se met en place.

« Avant de te lancer, recommande Maud, il faut faire toutes les recherches possibles pour que ton business fonctionne : est-ce qu’il faut une licence ? Est-ce qu’il faut payer des institutions et lesquelles ? Il faut discuter avec des gens ayant déjà une expérience de l’Inde pour comprendre les ficelles.»

Tout dépend du business model et des besoins. Ainsi, à Bombay, ce ne sont pas tant les employés que la location d’un local qui coûte cher. Certains entrepreneurs s’en sortent grâce au profit sharing : pas de loyer, mais un pourcentage de leur chiffre d’affaires est reversé au propriétaire.

Le relationnel au dessus de tout

le resto health conscious de la Yoga House

le resto health conscious de la Yoga House

Émotionnel ou rationnel ?

C’est compliqué à comprendre pour un Occidental, pourtant, aussi bien les relations personnelles que d’affaires fonctionnent à l’affectif. L’émotionnel prend souvent le pas sur le rationnel. « Cela peut aller jusqu’à la manipulation émotionnelle, avertit Maud. Il faut comprendre comment travailler avec les émotions des uns et des autres. »

D’autant plus que le risque est de faire trop vite confiance… à tort. Pour Maud, il est nécessaire d’utiliser le rationnel, autant que possible, dès qu’il est question de business. « Plus les choses sont carrées, moins on court de risques de se faire avoir. Mais c’est compliqué de faire signer des papiers, des contrats ».

Gagner la confiance

Le relationnel, c’est aussi ce qui permet de gagner la confiance des gens… y compris dans le business. « On peut atteindre une qualité de relation et de confiance assez exceptionnelle qui facilitent beaucoup les affaires. Les employés peuvent faire preuve d’une fidélité et d’un dévouement remarquables et même touchante. La Yoga House, c’est un peu une grande famille… »

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Overcart, à la conquête du marché indien

Start-up pleine d’avenir, Overcart ne pouvait naitre qu’en Inde. À l’origine de cette entreprise, un Franco-Britannique, Alex Souter, et un Indien, Saptarshi Nath, qui ont décidé de tenter l’aventure en se lançant sur le marché de l’occasion.

Rencontre avec Alex Souter, co-fondateur d’Overcart

Six mois en Inde

Six mois… C’était, au départ, la durée de la mission d’Alex Souter en Inde. Mais comme cela arrive souvent dans ce pays, rien ne s’est passé comme prévu.

Un parcours qui ne menait pas à l’entrepreneuriat

Il y avait d’ailleurs peu de chances pour que ce titulaire d’un master d’histoire – portant sur l’islam et le Moyen Orient – de l’université de St. Andrews (Écosse) lance son entreprise. « Je ne suis pas un entrepreneur né comme Alex, de Vintage Rides, par exemple. Des gens comme lui peuvent monter une entreprise n’importe où. Moi, je suis assez analytique. Je regarde tous les angles. Et l’Inde offrait de bonnes opportunités. Même si, sur 189 pays, c’est le 142e pays où il est le plus dur de faire du business. Mais c’est aussi le meilleur marché. J’aurais été banquier à New York, je n’aurais pas créé ma boîte car l’équation n’en valait pas la peine. »

Une fois son diplôme en poche, Alex s’envole pour l’Égypte où il effectue des recherches pour le compte des Nations Unies. « C’était assez frustrant, très administratif et on sentait que nos rapports n’avaient quasiment aucun impact sur les décisions prises. » Après quelques années, il décide de bifurquer vers le consulting, auprès de CEB. Mais l’enthousiasme s’atténue avec le temps : « J’avais perdu la joie du travail. C’était super, très méritocratique, mais au bout d’un moment, le fond m’intéressait moins ».

Une expérience motivante

Entre-temps, CEB l’envoie en Inde pour une mission de 6 mois, avant de l’envoyer aux États-Unis. « La semaine où je suis arrivé en Inde, le responsable qui gérait notre unité a dû quitter l’entreprise pour raisons familiales. Et je me suis retrouvé, avec mon futur associé, à gérer une équipe de 20 consultants. Nous n’étions pourtant que des consultants juniors. C’était un vrai challenge, beaucoup plus motivant professionnellement. »

Envie de travailler pour nous-mêmes

C’est au cours de cette période qu’Alex se rend compte qu’il adore habiter en Inde. Et ce qui devait arriver arriva : au bout de 2 ans, « nous avons eu envie, avec Saptarshi, de travailler pour nous-mêmes ». Les deux collègues cogitent la nuit sur des projets potentiels montent des business plan, et finalement optent pour les jeux vidéo. « Nous aimions bien ça, tous les deux, et l’idée est partie de là. »

Overcart, investir le marché de la seconde main

Le neuf hors de prix

« Ici, vous gagnez moins qu’en Europe. C’est l’une des dynamiques intéressantes du marché indien. » Car les jeux vidéo, les téléphones… coûtent aussi chers. « Vous voulez le dernier iPhone, vous dépensez 800 $ cash. Vous changez de téléphone deux fois par an, cela vous coute 1500 $. » D’où l’intérêt d’un marché de seconde main.

Un Micromania à l’indienne

L’idée de départ est simple : racheter des jeux vidéo d’occasion pour les revendre en ligne. Un marché qui s’étend à toute l’Inde : « Si vous avez des jeux vidéo chez vous à Chennai, vous nous les envoyez et, en échange, vous obtenez un jeu vidéo neuf ou alors avec un gros discount selon la valeur de ce que vous nous avez envoyé. ».

Overcart n’a pas 2 ans d’existence qu’elle est déjà copiée. « On a vu d’autres structures se créer avec des dérivatifs de notre nom, c’était assez marrant à observer. »

Un repositionnement plus avantageux pour Overcart

Au-delà des jeux vidéo, l’entreprise se diversifie, notamment avec les téléphones portables. « Mais nous avions un problème de marque : les gens ne vont pas sur un site de jeux vidéo pour acheter un téléphone portable. »

Un rebranding plus tard, Bootstrapp, devenu entre temps Overcart, commence à travailler avec des petits revendeurs dont il rachète des stocks d’invendus pour les distribuer en ligne. « Or, à toutes les étapes de la chaîne de distribution, il y a des invendus. Et c’est le cas partout dans le monde. »

Rendre la distribution plus efficace

Alex Souter rentre alors en contact avec les fabricants : « Ils ne récupéraient pas un bon retour sur ces produits. Nous, nous leur proposons de les liquider. Le consommateur obtient un produit neuf au prix du déstockage, par exemple un IPhone chez nous coûte 150 euros moins cher. »

Tout le monde y gagne : les petits revendeurs récupèrent 65 % du prix des produits « alors qu’en les vendant ailleurs en gros, ils ne récupéraient que 15 %. C’est intéressant également pour les grosses boîtes, qui veulent avoir un processus transparent ». D’autant plus qu’Overcart a des prix fixes, qu’il fait valoir à chaque négociation de contrat.

Les avantages du modèle en ligne d’Overcart

Moins de frais

Aujourd’hui, Overcart se présente comme le premier vendeur en ligne de produits d’occasion ou de seconde main, spécialisé sur les tablettes, téléphones, appareils photos… En clair, des produits de petites dimensions qui peuvent être envoyés partout en Inde avec des délais relativement courts. « Nous avons un concurrent sur le marché de l’occasion, mais spécialisé dans l’électro-ménager, et qui a des magasins… nous, pas. Donc pas de loyer à payer. »

Certes, mais comment faire venir les clients ?

 

Des acheteurs via Facebook

Le marketing viral sur Facebook et les réseaux sociaux fonctionne très bien « car on a les prix les plus bas du marché. Notre équipe marketing est très bonne en graphisme, et sait présenter les produits au mieux. Quand une nouveauté paraît sur Facebook, ça se diffuse rapidement, plus vite que via Google adWorks.»

 

Des vendeurs via la presse

Pour les particuliers qui vendent leurs téléphones et autres, les moyens sont classiques : pub et campagne de presse, bouche-à-oreille, réseau, et campagnes internet… sans oublier un atout de taille : « Notre principal investisseur est super connu, c’est une des pointures du marché indien, et tout ce qu’il fait a beaucoup de résonances. »

Mais où rencontre-t-on des business angels prêts à parier sur des start up ?

Overcart ou les bénéfices d’un incubateur à l’indienne

Ce n’est pas un passage obligé pour qui veut entreprendre en Inde. Mais l’accélérateur de start-up a été déterminant pour Overcart.

Apprendre les bases de l’entreprise

Alex Souter, cofondateur d'Overcart

Alex Souter, cofondateur d’Overcart

Intégrer un incubateur de start up est de plus en plus recommandé pour les jeunes pousses qui cherchent à lever des fonds. «Nous y avons appris le B-A-ba de la gestion d’une boite, du juridique au marketing, en passant par les ressources humaines… Comme consultants, nous étions très bons à donner des conseils aux PDG, mais quand il a fallu gérer notre entreprise, c’était un autre problème ».

C’est également le lieu idéal pour construire son réseau. « Nous y avons rencontré beaucoup de gens dont la majeure partie de nos investisseurs». Ils y seront hébergés pendant plus d’un an avant de voler de leurs propres ailes.

 

Savoir convaincre des investisseurs… quand on n’est pas indien

C’est l’une des principales difficultés d’Alex Souter : convaincre les business angels que non, ses origines européennes ne sont pas un obstacle pour investir dans Overcart. Car des questions, les investisseurs s’en posent… forcément.

Va-t-il rester en Inde ?

« Les investisseurs n’ont aucun problème à traiter avec les étrangers. La seule question valable pour eux, c’est : combien de temps va-t-il rester ? Si ça ne marche pas, est-ce qu’il va rentrer en Europe et retrouver un job super bien payé grâce à l’expérience gagnée ici ? Cela leur fait peur et je les comprends tout à fait. Il faut prouver que vous allez rester et pas prendre de l’argent et partir au bout de 2 ans. »

Saura-t-il convaincre ?

Notamment les businessmen indiens, rois de la négociation ? « En ce qui me concerne, nous avons négocié tous les contrats. Mon principe est toujours le même : il faut y aller et ne pas avoir peur. Dans notre secteur, on est assez direct dans le business. »

Sauront-ils le faire ?

Chaque investissement dans une start-up est un pari sur l’entrepreneur. Sera-t-il capable de mener son business, surtout si c’est sa première entreprise? Alex et son associé en ont fait les frais. « Au départ, nous n’avons levé que 25 000 dollars. Et nous avons réussi à gérer une boîte pendant 12 mois avec. Nous avons fait évoluer le business model. Et là, les investisseurs ont changé d’attitude. C’est à ce moment-là que nous avons levé des fonds avec Krishan Ganesh, la superstar des start-up, que nous avons rencontré grâce à notre accélérateur. »

L’avenir d’Overcart 

Un besoin de croissance…

« Nous sommes 20 personnes entre Delhi et Bangalore, mais je pense que nous serons plus de 100 d’ici un an. Et nous devons aller de l’avant pour que tous se sentent motivés. Dès que les choses se stabilisent pendant 2 ou 3 mois, il y a moins d’énergie.» Aujourd’hui, Overcart inspire confiance : « Certaines personnes que nous avons contactées il y a un an ne voulaient pas nous rejoindre, maintenant, elles sont prêtes à venir. »

Selon Alex Souter, le business online doit « grandir en continu. On fait 10 fois plus de revenus qu’il y a 6 mois et on continue. Si vous ne grandissez pas assez vite, vous êtes dépassé ». Aussi l’entreprise continue sa levée de fond pour lui permettre d’être en avant de la courbe. « Idéalement dans 5-6 ans, nous aurons construit une entreprise très intéressante, toujours en Inde. »

… pour une entreprise toujours fragile

Mais Alex, en dépit des succès actuels, ne se fait pas d’illusions : la durée de vie d’une start-up peut être courte, très courte : « Dans 6 mois, vous pouvez fermer. Vous êtes toujours en mode survie et vous avez besoin de plus. Si vous n’êtes pas en mode réactif, vous ne pouvez rien faire. »

Même si une start-up qui ferme n’est pas toujours une mauvaise nouvelle. « Ce sont autant d’entrepreneurs disponibles sur le marché du talent. Ils ont appris beaucoup de choses, ils peuvent vouloir recommencer dans quelques années, ce sont des employés très intéressants pour Overcart ou toutes les start-up qui restent. » Ou comment voir le bon côté des choses – une qualité indispensable en Inde !

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Le Bistro du Parc, un peu de Paris à Delhi

Ouvrir un bistro à Delhi ? C’est le pari un peu fou du Bistro du Parc. Car on ne plaisante pas avec la gastronomie en Inde. Pourtant, ce restaurant bar café n’hésite pas à s’éloigner largement des standards indiens… pour le plus grand bonheur de ses clients.

 

Naina, foodista et entrepreneuse

Premier bistro français en Inde ouvert en juillet 2013, le Bistro du Parc joue la carte de la bistronomie, cette rencontre entre la gastronomie française et la fraicheur de la cuisine de bistro, accessible à tous. À l’origine du concept, Naina de Bois Juzan, une jeune Franco-Indienne, qui est née et a grandi à Paris.

Naina de Bois-Juzan, fondatrice du Bistro du Parc

Naina de Bois-Juzan, fondatrice du Bistro du Parc

Vivant depuis 2006 à Delhi, où elle a étudié puis travaillé pour GL Events, Naina a toujours eu envie d’entreprendre. Mais l’idée de départ vient en revenant d’un séjour à Paris. « Je passais beaucoup de temps dans les bistros pour des cafés au comptoir le matin, à déjeuner avec le plat du jour, à dîner jusque tard avec des amis. Or cela n’existe pas à Delhi. Je me suis dit “C’est ridicule, il n’y a pas un bistro dans une ville comme Delhi. Et si j’en ouvrais un ?” et je me suis lancée ».

 

Importer la culture bistro en Inde

« Je n’ai pas cherché à « indianiser » la cuisine de bistro, ni même à en faire quelque chose d’européen. Le Bistro du Parc, c’est le bistro où j’aime aller à Paris, pour déjeuner, dîner. Je voulais reproduire cette atmosphère » avec ses avantages et ses inconvénients. Un défi en soi, sachant combien cela va à l’encontre des habitudes indiennes.

Une décoration typique des bistros parisiens…

un bistro parisien à Delhi

un bistro parisien à Delhi

Le bistro du parc côté salle

Le bistro du parc côté salle

… que Naina a respecté. « En France, on touche quasiment la table du voisin, alors qu’en Inde, il y a beaucoup d’espace entre les tables dans les restaurants. » On trouve donc au Bistro du Parc des chaises  Thonet, des petites tables de bistro rapprochées… Bref un décor très parisien ! Autre surprise pour les Indiens habitués aux menus imprimés, la carte est écrite … sur une ardoise. « Nous sommes les premiers à avoir fait ça à Delhi. Au départ, les gens se sont étonnés, puis ils ont adoré : It’s so French !»

Un menu toujours frais

Alors que la majeure partie des restaurants indiens proposent des menus de 15 pages, avec toute sortes d’options, le menu du Bistro du Parc est court. Très court : «7 entrées, 7 plats, 7 desserts. On m’a déjà fait la remarque : “C’est tout ce que vous avez ?”. Mais nous n’utilisons que des produits frais comme dans un bistro. Et produits localement : on travaille avec des fermes bio autour de Delhi. Si ce n’est pas frais, ce n’est pas sur notre menu. » Seule concession aux habitudes indiennes : la moitié des plats sont végétariens.

C’est d’ailleurs l’un des défis quotidien du bistro. À part quelques fromages et de l’huile d’olive, rien n’est importé. Tous les produits de base sont locaux. Or « les légumes ont un goût différent de ceux qu’on trouve en France, il n’y a pas beaucoup de produits communs. » C’est tout l’art de Naina et du chef cuisinier de parvenir à créer une cuisine de bistro à partir des produits locaux.

 

Une ambiance bistro

L’ambiance bistro est autant dans l’assiette que dans la salle. Et, dans un cas comme dans l’autre, Naina ne fait pas de compromis.

En cuisine, un chef français…

Maîtrisant dans les règles de l’art la gastronomie française, les chefs du Bistro du Parc font preuve d’innovation et d’originalité pour adapter leur cuisine aux produits disponibles. Le recrutement n’est pas de tout repos, mais le résultat est bluffant. D’ailleurs, Naina recherche actuellement un chef de cuisine. Avis aux cuisiniers globe-trotters.

… et dans la salle, des serveurs formés aux exigences françaises

La plupart ont été formés par Naina elle-même, qui s’appuyait sur son expérience en tant que cliente. « En Inde, dans tous les restaurants, les serveurs vont voir les clients toutes les 10 minutes en demandant « how’s your food ? » Je n’aime pas du tout ça. En France, on pose la question à la fin du repas, pas, tant que les clients ont la bouche pleine. Si ce n’est pas bon, les gens le font savoir très vite. »

Elle les a également formés sur les détails qui font la différence : quand apporter l’eau, le pain, comment tenir l’ardoise… La formation va encore plus loin. « Dans les autres restaurants, les serveurs se trompent dans les commandes, n’arrivent pas à m’expliquer le menu. Chez nous, dès qu’il y a un nouveau plat du jour, on le fait goûter aux serveurs, on leur demande s’ils aiment, pourquoi, ce qu’ils préfèrent. Et on leur explique en détail ce qu’ils sont en train de déguster. » Et cela fonctionne, puisque la plupart des serveurs sont là depuis l’ouverture du bistro. Exceptionnel dans un milieu où le turn-over est la norme.

Un maître d’hôtel – français également– a maintenant rejoint le Bistro et s’occupe de la formation aussi bien en cuisine que dans le service.

Bien sûr, employer des étrangers, en Inde coûte cher. « Mais la qualité qu’ils apportent au restaurant est capitale et je ne veux pas compromettre cela. »

Un concept qui a su séduire

L’épreuve du bouche-à-oreille

Naina a d’abord compté sur le bouche-à-oreille : « C’était peut-être un risque mais ça a très bien marché, très rapidement. Puis nous avons eu énormément de presse. »

Encore faut-il rester ouvert ! Car la concurrence est rude à Delhi, où de nouveaux restaurants ouvrent tous les mois. « Les gens se précipitent, tout le monde en parle. Et au bout d’un mois, tout le monde a oublié. Au bout d’un an, le restaurant ferme », analyse Naina qui, de son côté, a des raisons de se réjouir. « Cela fait plus d’un an que le Bistro du Parc est ouvert. J’ai passé le stade difficile. Et surtout, le restaurant est toujours présent dans les médias»

Il a, en effet, été récompensé en 2014 et en 2015 meilleur restaurant européen et meilleur restaurant français de New Delhi (Times Food Awards et Vir Sanghvi Hindustan Times Awards).

L’accueil d’un bistro de quartier

C’est peut-être le pari le plus difficile : réussir à attirer une clientèle indienne, habituée à un certain style et un certain confort, et pas uniquement une clientèle d’expatriés nostalgique de la cuisine française.

Et cela fonctionne « Les Indiens aiment beaucoup, même ceux de la haute société. Beaucoup d’écrivains, de diplomates viennent régulièrement. De mon côté, je traite tout le monde de la même manière et cela demande parfois un effort, par exemple quand il s’agit de Priyanka Gandhi et Robert Vadra, des célébrités de Bollywood ou de grands sportifs de cricket. Mais il n’y a pas d’exception. Les gens apprécient et reviennent aussi pour cela ».

Des serveurs présents depuis le début, des habitués qui reviennent une à deux fois par semaine.… Progressivement, s’est instaurée une véritable ambiance de bistro de quartier : « Les habitués ont leur table, leur vin préféré, les serveurs les connaissent : “Votre table habituelle vous attend, voici votre viande cuite comme vous l’aimez”… C’est exceptionnel pour les clients. La patronne est là, le chef sort de sa cuisine pour saluer les clients. Parfois, on nous demande un steak frites ou un tartare… Même si ce n’est pas sur la carte, “pas de souci, je vous l’apporte”. » L’atmosphère est vraiment sympa, c’est vraiment l’ambiance d’un bistro. »

Il y a également toute une clientèle issue de la classe moyenne, moins cosmopolite, qui vient découvrir la cuisine française. « Ils sont assez timides car ils ne connaissent pas. Ils ne savent pas ce qu’est une ratatouille, un carpaccio, n’ont jamais gouté de champagne, explique Naina… On les met à l’aise, on leur explique le menu et ils découvrent progressivement. Ces échanges sont sympas. Comme, à l’inverse, de voir le chef français goûter pour la première fois des pickles ou du piment ».

Une Delhi qui change

Une classe moyenne qui a de plus en plus de moyens, qui voyage aussi davantage, soit autant d’envie de découvrir de nouvelles gastronomies, des lieux, des ambiances différentes. Pour Naina, c’était le bon moment pour ouvrir un restaurant français. « Il y a encore 5 ans, cela aurait été trop tôt. Les gens n’auraient pas été prêts. »

Delhi change. Les quartiers branchés se multiplient, de nombreuses galeries ouvrent. Et, en dépit d’une réglementation qui oblige les établissements à fermer dès 00h30, « les gens ont envie de sortir, de consommer, de boire, de dîner tard, de s’amuser ».

La terrasse du Bistro du Parc

La terrasse du Bistro du Parc

D’ailleurs, on ne va pas au Bistro du Parc seulement pour son menu : le mercredi, des concerts de jazz sont organisés sur la terrasse. Et Naina vient de lancer les soirées tapas accompagnées de sangria, idéal pour supporter la chaleur de la ville.

 

 

Un pays d’entrepreneurs

À Paris, Naina n’aurait jamais eu l’idée d’ouvrir un bistro. Mais en Inde, « tout est possible. Il y a beaucoup de choses à faire. Ça crée un état d’esprit qui est très excitant. Tout le monde crée sa boite. On est entouré d’entrepreneurs, tous mes amis le sont, Indiens et expatriés. C’est incroyable. »

La question est moins de trouver des fonds pour se lancer que la bonne personne avec qui s’associer. Et, en restauration, le lieu idéal. « J’avais sous-estimé cet aspect, avoue Naina. Il faut faire attention à trouver un lieu central, où les gens viennent. Or, le développement de Delhi est particulier. On ne sait jamais quel quartier va se développer dans les 10 prochaines années ». Et si cela ne fonctionne pas ? Ce n’est pas grave. Il suffit de recommencer.

Être à moitié indienne est un avantage…

Et notamment le fait de parler hindi. La plupart des entrepreneurs français s’y sont mis. « Deux trois mots en hindi au bon moment aide énormément à résoudre des problèmes », explique Naina.

Et dans son cas, être à moitié indienne permet de comprendre la mentalité du pays. « Ma mère est indienne, je viens en Inde depuis toujours. Je comprends beaucoup de choses : qu’est-ce que les Indiens aiment vraiment? Est-ce que ce concept marcherait?… ».

…mais cela n’évite pas certains problèmes

Auxquels sont confrontés tous les entrepreneurs, indiens et expatriés : l’administration est compliquée, les banques aussi. Les travaux qui n’avançaient pas ont retardé de 4 mois l’ouverture du restaurant.

Dans la restauration, obtenir des licences prend des mois : « Les restaurants ne peuvent pas obtenir de licence d’alcool avant d’être ouverts. J’ai dû attendre 2 mois et demi pour avoir ma licence. C’était nul, je perdais des clients car les gens ont envie de boire un verre de vin avec leur repas ».

Et pour la suite ?

Café gourmand au Bistro

Café gourmand au Bistro

Le Bistro du Parc n’est qu’un premier pas. Ayant pour projet d’ouvrir un nouveau restaurant, toujours à Delhi, Naina recherche des associés aussi investis et passionnés qu’elle, pour faire découvrir la bistronomie, qui plaît tant aux Indiens.

Retrouvez le Bistro du Parc sur Facebook et Instagram (Attention, certaines images sont susceptibles de vous donner faim… très faim!!)

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